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, ARTISTE DANS 'ONCOURT - Doria

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Ce passage peut nous faire penser à l’une des inquiétudes, des résignations desGoncourt, qu’Edmond exprime ainsi dans son journal : « L’idée que la planèteTerre peut mourir, peut ne pas durer toujours, est une idée qui me met parfois dunoir dans la cervelle. Je serais volé, moi qui n’ai fait de la littérature que dansl’espérance d’une gloire à perpétuité ! » 16 . Ainsi, Coriolis partage avec lesGoncourt de nombreux traits, ce qui nous pousse à penser que pour les Goncourt,peu importe le média, ce qui importe, c’est la sensibilité de la nature de l’artisteou de l’écrivain. Il y a dans Manette Salomon une certaine fusion de l’écrivain etde l’artiste, de l’homme créatif, contre le public et le critique.Dans son roman, Zola met à la fois en scène un personnage de critique etun personnage d’écrivain. Le critique est incarné par Jory qui suit la bande desrévolutionnaires de l’art de Claude et évolue avec celle-ci. Jory commencecomme un jeune Don Juan qui, pour échapper au giron familial, part « […] sous leprétexte d’aller à Paris faire de la littérature […] » (Z91). Il se fait critique d’art etdevient pour la bande une sorte de porte-parole des artistes, de perroquet : « Aufond, très pratique, il se moquait de tout ce qui n’était pas sa jouissance, il répétaitsimplement les théories entendues dans le groupe » (Z92). Mais ce camarade desartistes est ignorant en art et n’est pas du tout passionné par celui-ci, il n’apprendrien, il répète. Sa donnée héréditaire est l’avarice : « Oh ! vous autres, vous nesavez pas le prix de l’argent » (Z92) dit-il. Et cela va le pousser à la trahison deses compagnons. Zola décrit le mécanisme de la critique d’art et montre son effet.Jory publie un petit article qui pose Claude comme chef de file de l’école du PleinAir. Cette école ne commence à exister que grâce au critique et au publiccomplice (Z102). Nous pouvons rapprocher cette anecdote de la façon dont legroupe des impressionnistes a été baptisé. Un critique d’art, Leroy, se moquant dutitre du tableau de Monet, Impression soleil levant, nomma ce groupe« impressionnistes ». Dans L’Œuvre aussi, le critique est présenté comme unignorant qui fait faire son travail par les artistes : « Vous me donnerez des notes[…] » (Z108). Dès cet instant, l’exploitation des artistes par Jory commence à seprofiler. Sa carrière continue et il commence à gagner de l’argent et à prendre« une importance bourgeoise » (Z207). Une discussion entre Jory et Bongrand(Z215) souligne le décalage entre le système de publicité ayant lieu à cette16 E. et J. Goncourt, Journal, Robert Laffont, Paris, 1989, Tome III, p. 146, 24 juillet 1888.175

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