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, ARTISTE DANS 'ONCOURT - Doria

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La critique d’art est très présente dans nos romans, elle est essentiellementle fait des personnages d’artistes. Ces passages de critique d’art permettent demieux positionner les personnages dans l’histoire de l’art et les différentsmouvements artistiques. Ce sont donc des outils permettant de préciser lesorientations artistiques des peintres imaginaires. Dans Le Chef-d’œuvre inconnu,Balzac attribue à Frenhofer une opinion très radicale sur Rubens : « À cela près,reprit-il, cette toile vaut mieux que les peintures de ce faquin de Rubens, avec sesmontagnes de viandes flamandes, saupoudrées de vermillon, ses ondées dechevelures rousses, et son tapage de couleurs » (B45). Balzac caractérise l’art deRubens par quelques traits critiques et acerbes. Nous voyons ici l’efficacité de lalittérature qui offre la possibilité de caractériser tout l’art de Rubens en troislignes. Par cette courte description, Balzac oppose la nuance et la délicatesse de lacréation de Frenhofer et l’excès de la chair et des couleurs de Rubens, la sobriétéde l’école classique française que représente Poussin et la démesure etl’exubérance baroque de Rubens. Dans Manette Salomon, les Goncourt présententde nombreuses critiques d’art qui sont le fait de Chassagnol, leur porte-parole.Mais Coriolis émet, lui aussi, des critiques d’art, en particulier sur Descamps,peintre orientaliste, très apprécié des Goncourt et qui caractérise l’art de Coriolis àce moment du récit :En revenant au souvenir de ce Café turc dont il s’était rempli les yeux à l’expositionpendant une demi-heure, il rappela à Chassagnol cette bande de ciel ouaté de blanc,martelé d’azur, sur lequel semblait trembler un tulle rose ; ces petits arbres buissonneux,pareils à des massifs de rosiers sauvages, le cône des ifs, des cyprès noirs percés de jours,cette rondeur d’une coupole, la ligne des terrasses, ce rayon vibrant sur des plâtres tachésdu velours des mousses, ces murs ayant des tons de peau de serpent séchée et comme desécailles de reptile, ce craquelé de la muraille chatoyant sous les traînées du pinceau,l’égrenage du ton, l’émail de la pâte, les gouttelettes de couleur huileuse, les tons coulanten larme de bougie […] (G401).Les Goncourt nous offrent ici moins une description ou une critique du tableauque la transcription de la sensation créée par le tableau, de la texture même dutableau. Il n’y a pas ici de rivalité entre art et littérature, seulement un partage dela sensation. Ce passage, tout en caractérisant l’orientalisme de Decamps, définit187

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