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, ARTISTE DANS 'ONCOURT - Doria

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Poussin il semblait qu’il y eût dans le corps de ce bizarre personnage un démon quiagissait par ses mains en les prenant fantastiquement contre le gré de l’homme : l’éclatsurnaturel de ses yeux, ses convulsions qui semblaient l’effet d’une résistance donnaient àcette idée un semblant de vérité qui devait agir sur une jeune imagination (B48).Pour l’observateur tout est magique, l’action est attribuée à autre chose quel’artiste, à un démon par lequel il serait possédé, ce qui lui confère un aspectfantastique, surnaturel. Soulignons tout de même que toutes ces réflexions sontattribuées à Poussin qui est jeune et ne comprend pas réellement Frenhofer.Balzac ne prend pas le risque de décrire ce processus de façon interne, préférantlui garder un aspect mystérieux. Il insiste cependant sur une certaine passivité del’artiste, une sorte de dépossession de l’artiste. Le discours de Frenhofer semblevenir confirmer cette passivité de l’artiste : « Il allait disant : « Paf, paf, paf !Voilà comment cela se beurre, jeune homme ! venez mes petites touches, faitesmoiroussir ce ton glacial ! Allons donc ! Pon ! pon ! pon ! » (B48). C’est undiscours de fou, de magicien, non de théoricien. Les petites touches sont appeléesplus qu’elles ne sont posées par l’artiste lui-même. Mais Balzac semble hésiter surcette conception de la force extérieure guidant l’artiste, car il présente Frenhoferainsi : « […] cet être surnaturel, était une complète image de la nature artiste, decette nature folle à laquelle tant de pouvoirs sont confiés, et qui trop souvent enabuse […] » (B53). Ainsi, l’artiste balzacien vogue entre l’inspiration etl’imagination, entre sa position de départ dans la Silhouette et la position deDiderot.Le problème de Frenhofer est cet abus du pouvoir de l’artiste, de l’amourde l’artiste pour son œuvre, ce désir d’être à la fois « père, amant et Dieu » (B60),qui le pousse à la folie. Relevons là encore une similitude entre Diderot et Balzac.C’est cet excès de sentiments, d’amour pour son œuvre, qui le perd. Diderot nousprésente ainsi un peintre perdu par un excès de passion : « […] c’est que lesentiment le portant en avant, le trompe sur ce qu’il peut, et lui fait gâter un chefd’œuvre : il était, sans s’en douter, sur la dernière limite de l’art » 60 . Nouspouvons rapprocher cette remarque des remarques finales de Porbus à propos dutableau échoué de Frenhofer : « Là, reprit Porbus en touchant la toile, finit notreart sur terre. […] Combien de jouissance sur ce morceau de toile» (B67-68). Pour60 Idem, p.681.147

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