1874 T.18.pdf

125
lement embrassé l'Islamisme, mais Okba,
qui craignait que celle
Conversion subite ne fut de leur part un stratagème pour se
soustraire à l'esclavage ou à la mort, eût la précaution, avant de
courir à de nouvelles conquêtes, de faire abattre les fortifications
de la ville de Khamissa, afin d'en maintenir les habitants à sa
discrétion. Ils se révoltèrent néanmoins, comme l'avait pressenti
Okba,
qui n'ignorait point les faiblesses du cœur humain el alors
la ville des parjures fut renversée de fond en comble.
Quelque naïve qu'elle soit,
celle légende locale n'en a pas
moins un fond de vraisemblance ; elle démontre les haines et les
rivalités qui existaient entre chaque centre de populaiion, et on
s'en rend compte aisément en songeant aussi à l'étal politique
des provinces africaines au moment de l'apparition de? Arabes.
Plusieurs prétendants se disputaient le trône el l'empire d'O
rient se démembrait. Pendant celte phase critique où l'union et
le concours de lous eussent élé d'une impérieuse nécessité pour
le salut de chacun, jusqu'à ce que le calme se fut rétabli en Eu
rope, le Patrice Grégoire créait en Afrique de nouveaux embar
ras en se déclarant indépendant et en proclamant l'aulonomie
des vastes contrées soumises à son gouvernement et confiées à sa
fidélité. Le moment était mal choisi pour se livrer à de telles
réformes radicales, car la rapacité de la fiscalité byzantine,
l'absence d'une autorité forte et respectée avaient singulièrement
disposé les esprits à la révolte. Les Maures avaient repris pos
session du pays lambeau par lambegu et ravi aux Byzantins une
grande partie de l'héritage de Rome. Les troupes byzantines cor
rompues par les exemples subversifs qu'elles avaient eus sous
les yeux s'étaient déjà laissées entraîner elles-mêmes à l'indisci
pline et à la révolte proclamée successivement par deux ambi
tieux Stauzas et Gonlharis. L'usurpation du palrice Grégoire fut
donc le signal de nouveaux désordres et les habitants des villes
africaines,
n'ayant plus à compter avec la mère-patrie se li
vrèrent, dés lors, avec une frénésie de plus en plus acharnée, à
leurs anciennes querelles théologiques. Ils préparaient eux-
mêmes leur perte, car,
au milieu de manifestations et de décla
mations publiques inconsidérées, l'aveuglement égoiste des cita
dins était devenu tel qu'ils ne s'apercevaient plus des dangers