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les germes de civilisation que les premiers conquérants musul
mans avaient apporté d'Orient et répandu jusqu'en Espagne (1) .
Dans le pèle-mèle des guerres animées par un anarchique ré
gime, de conspiration* et de ré\oltes continuelles durant plu
sieurs siècles, il n'y eut guère place pour des travaux dont
l'exécution exigeait le calme et le repos d'esprit. L'abaissement
moral arriva à un tel degré que l'on perdit toule espèce de lit
térature ; il en est résulté une pénurie à peu près complète de
livres et de documents écrits pour lous ceux qui veulent aujour
d'hui se livrer à une étude rélrospeoive,
c'est-à-dire rattacher
le présent aux annales des écrivains arabes antérieurs au
XVIe
siècle, tels que Ibn Khaldoùn, Kaïrouani et aulres
Tous les peuples ont leurs âges, leurs phases personnifiant le
caractère qui leur est propre. Pour la race indigène de l'Algérie,
notamment l'habitant de la campagne ou de la tribu, la période
de son existence la moins connue,
et cependant pour nous la
plus importante à éludier, puisqu'elle agite des questions déli
cates et sérieuses, est celle qui s'est écoulée sous le joug avilis
sant de la domination turque. Cette époque de langueur rap
pelle des souvenirs néfasles; elle fourmille néanmoins de per
sonnages entourés d'une auréole de gloire cheva|eresque; il y
eûl de tragiques vicissitudes où nous voyons l'indigène se dé
battre longtemps sous la main âpre et cruelle des Turcs, gens
sans foi ni loi, doat le nom seul jetait l'épouvante dans les cam
pagnes.
La déplorable influence que cette domination tyrannique
exerça sur les mœurs et les destinées du peuple indigène, main
tenu dans un véritable servage, marque la décadence d'un pays
déjà fortement ébranlé par les invasions et les ravages des no
mades arabes, les plus destructeurs des conquérants. L'industrie
ruinée, le commerce avec l'Europe anéanti, les arts oubliés et
(1)
Il ne faut point s'exagérer cependant cette civilisation venue
d'Orient. Le mérite des Sarrasins consista surtout à utiliser, selon
leurs vues, les aptitudes diverses des Maures, des Berbère», des
Romains et des Goths .
Cette thèse mériterait une étude spéciale qui nous écarterait trop
du sujet actuel,