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des Oukaksia, il est facile de comprendre que l'agent du trésor
turc, chargé autrefois de percevoir les impôts, n'était que médio
crement affriandé par l'idée d'aller s'engager dans un pareil
coupe-gorge, surtout lorsque les Nememcha élaient dans de mau
vaises dispositions, situation à peu près permanente chez eux.
Cependant, lorsque la tribu récalcitrante voulait bien consentir
à payer son impôt, on était jusqu'à un certain point assuré de
n'êlre pas trop
mal reçu dans les villages. Le collecteur allait
alors représenter avec les plus grands égards, à la djemâa d'Ou
kès, qu'il y avait lieu pour elle de suivre l'exemple donné par
le reste des Nememcha et de venir en aide au Commandeur de»
croyants, dont le irésor élait constamment obéré par la guerre
qu'il soutenait contre les infidèles.
Le doyen de la djemâa,
après s'êlre longuement félicité lui-
même et avoir félicité les gens des villages de la venue d'un
aussi illustre visiteur, commençait invariablement par assurer
l'agent du fisc des bonnes dispositions de tous,
ajoutant cepen
dant qu'il était d'habilude à Oukès, avant de prendre toute déci
sion importanle, d'avoir l'avis de Sidi bou Oukès, lequel élait
trop
bon pour laisser jamais ses descendants dans l'incertitude et
ne manquerait pas d'être froissé s'ils venaient à agir sans le con
sulter.
On s'acheminait donc processionnel lement vers la grolte, à
l'entrée de laquelle s'asseyait toute la populaiion. Le doyen de
la djemâa installait lui-même le collecteur à la place d'où s'en-
lendait le plus distinctement la réponse de l'écho, puis atlant se
placer sur une large pierre plate,
sur laquelle Sidi bou Oukès
avait l'habitude de faire sa prière et d'exhaler ses gérémiades, il
se retournait vers l'intérieur de la grotte, et s'écriait :
O notre grand-père, Sidi bou Oukès, paierons-nous l'impôt, ou
ne le paierons-nouspas ?
L'écho de la grotte, fidèle à son habitude, répétait distincte
ment les trois dernières syllabes :
xyy\i L> Nous ne paierons pas !