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cependant le seul fail que l'historien el Anleri ail cru devoir
rapporter dans les quelques pages qu'il consacre à ce prince. Du
resle, pas une réflexion, pas une parole de blâme à ce sujet, lant
il semble que la trahison, sous le gouvernement turc fût chose
ordinaire et passée dans les mœurs publiques. (1)
Les troupes licenciées reprenaient la route d'Alger ; le prince
Mohammed eût voulu les suivre, mais bou Hanak s'y opposa et
l'emmena avec lui à Conslantine, ainsi que son frère Mohammed,
Ainsi se termina celte campagne que les arabes désignent d'une
manière caractéristique par la guerre feinte. Le prince Mahammed
étail tellement affecté de la retraite du Kef qu'il cn perdit bientôt
le boire et le manger. Lui. jadis si vigonreux, si brillant, s'affaissa
brusquement comme un vieillard décrépit, il ne cessait de répé
ter : « J'ai revu ma patrie sans pouvoir y rentrer. » Épuisé par
la mélancolie, il finit par succomber à Constanline vers les pre
miers jours de février 174G.
Son frère Mohammed, en quelque sorle interné dans la ville,
ne voyait le bey que tous les vendredis aux réceptions officielles.
Mais malgré les caresses simulées de bou Hanak, jamais il n'ac
ceptait, dans la crainte d'être empoisonné, la tasse de café qu'on
lui offrait dès qu'il se présentait, prétextant invariablement un
jeûne religieux pour s'excuser ; aussi chacun compril-il les rai
sons qui le fesaient agir avec lant de prudence.
Le prince s'adressa directement au pacha pour obtenir l'ordre
de son transférement à Alger. Cette autorisation lui fut accordée
avec d'autant plus d'empressement que le bey lui-même dans ses
rapports confidentiels, avait signalé déjà combien la présence du
prince à Conslantine agitait les esprits, autant dans la pro
vince qu'en Tunisie.
A celte époque la route d'Alger élait extrêmement dangereuse.
La famille féodale des Mokrani se divisait en Irois branches riva
les. Celle du Cheikh bou Zid qui occupait le pouvoir, recon
naissait l'autorité des Turcs. Les deux autres, les bou Rennan et
Guendouz, élaient en élal de révolte et interceptaient les com
munications entre Alger et Conslanline,
avec l'aide des Ben»
(I) Voir Vaysscttes, Histoire des beys de Conslanline, p. 165.