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qu'ils couraient. Autour d'eux, en effet,, les Maures, spectateurs
inléressésdes discordes religieuses ou politiques de leurs maîtres
et qui sentaient le pouvoir s'affaiblir chaque jwur, profitaient de
cetle anarchie pour reprendre complètement leur liberté, mas
sacrer les populalions isolées el saccager les campagnes dont la
conquête les avail jadis dépossédés. Le désordre et la divi
sion régnaient par conséquent de lous côtés en Afrique au mo
ment de l'invasion arabe du vir= siècle, que les indigènes, chez
lesquels l'amour du changement a été de tout temps la passion
favorite, accueillirent avuc grand enthousiasme, dans l'espoir de
secouer le joug oppresseur de leurs dominateurs affolés. Com
bien de vengeances, de haines comprimées el transmises de gé
nération en génération n'avaient-ils pas aussi à satisfaire?
Irrités contre les Romains, contre lesquels ils avaient soutenu
une lutte devenue très-active après l'expulsion des Vandales, fa-
ligues du spectacle des discussions religieuses qui agitaient de^
puis longtemps la société chrétienne d'Afrique, les indigènes
devaient naturellement accueillir sans une Irop vive opposition
des conquérants. Ceux-ci les débarrassaient de leurs anciens
dominateurs, tout en leur prêchanl une religion matérialiste et
sensuelle et,
peuple nomade comme eux, accoutumés comme
eux à la vie du désert, ils avaienl à peu près les mêmes mœurs
et les mêmes habitudes.
Laissées sans défenses, bloquées par les Maures en révolte qui
étaient maîtres des campagnes; en oulre, rivales et jalouses les
unes des autres par raison politique et ne se prêtant plus un
mutuel appui, les villes séparatistes dont on avait tant admiré
l'opulence el la grandeur,
ouvraient leurs portes aux nouveaux
conquérants, le plus souvent sans avoir opposé la moindre résis
tance. Cel état de choses explique la facilité avec laquelle une
seule poignée de cavaliers arabes, qu'aucun obstacle sérieux n'ar
rêtait plus,
accomplit en si peu de temps cetle prodigieuse con
quête de l'Afrique depuis le Nil jusqu'à Tanger où Rome avait
pendant des siècles fait tant de sacrifices. Le sabre et le Koran
mirent fin à toutes les dissensions. Le Patrice Grégoire, qui avait
sacrifié la patrie à son ambition, fut écrasé l'un des premiers
sous les pieds des chevaux arabes et sa fille entrait dans le
harem du vainqueur.