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290 leva même cinquante chameaux appartenant les uns au prince et les autres à la fille de Bou-Aziz. Chabbi poursuivit encore les traces des Hanencha, mais il ne put leur prendre que les lourds bagiges restés en arrière. Dans la nuit, Bou-Aziz fit jonction avec la iroupe de son fils Sedira qui avail marché pour son compte d'un autre côté. Cependant comme on craignait les poursuites des Moulât, la caravane rebroussa chemin vers El-Faïd (1) ; mais au moment où elle allait dresser son campement, Hamida Chabbi apparut et attaqua ceux qui s'étaient arrêtés pour boire ; il fallut donc se remettre en roule immédiatement. En présence de ces nouvelles complications Bou-Aziz, prenant un parti décisif, dit au prince : « Il conviendrait que nous nous séparions pour nous sauver isolément, avant que Dieu ne nous afflige de quelque nouveau désastre. » — En entendant ce discours, le prince comprit qu'il élait abandonné par son allié et se demanda sur l'amitié de qui il pourrait désormais compter. H ne lui restait que les Hazabra; il questionna à ce sujet quel ques-uns de leurs chefs qui lui répondirent : « Nous serons pour vous à condition que vous parviendrez à vous attacher l'amitié du Chabbi. Je viendrai parmi vous, dit le prince, vous ferez ensuite ce que vous voudrez... Il fut donc convenu qu'il dresserait son campement avec le leur. A ce moment le prince eûl un nouvel entretien avec Bou-Aziz qui lui expliqua la situation en ces termes : « Lorsque vous êtes » venu nous trouver nous étions riches et puissants; depuis » nous nous sommes ruinés et affaiblis de jour en jour. Le » nombre de mes cavaliers a considérablement diminué, nos » chevaux sont morts, notre fortune a disparu. Il ne me reste » plus que deux cents cavaliers et encore, sur ce nombre, » n'y en a-t-il qu'une quarantaine à peine d'assez valides » sur lesquels on puisse compter. Les autres ont élé détruits par » la guerre ou par les fatigues éprouvées pendant nos courses ■> interminables. Tout cela à eu lieu à cause de vous. Maintenant (1) El-Faïd au suc} du Zab Chergui .
29! •> parlez, il ne vous reste qu'à aller rejoindre votre père à Kaï- » rouan, car vous n'avez plus rien à espérer en restant parmi » nous. » Le prince quitta Bou-Aziz, après ce dernier entretien et alla retrouver les Hazabra (1) où il complaît que le Chabbi l'enverrait chercher; mais celui-ci ne fit aucune démarche en sa faveur. Dans cel intervalle Sedira fils de Bou-Aziz alla faire ses adieux au prince qu'il trouva de mauvaise humeur el récriminant. » Quel avantage, lui dit le prince, ai-je obtenu en venant » parmi vous; j'avais de la fortune et des alliés; ma fortune « vous me l'avez prise et mes alliés ont succombé. » Sedira vivement froissé de ce reproche partit immédiatement, rendit compte de la conversation à son, père, en l'amplifiant en core davantage ; de sorte que Bou-Aziz courroucé, fil offrir aux Nememcha une somme d'argent considérable s'ils voulaient s'emparer du prince et le lui livrer. Les Nememcha que l'amour de l'argent séduisait, entrèrent à ce sujet en pourparlers avec les Hazabra, mais ceux-ci refusèrent énergiquement de trahir leur hôte. Dès lors Bou-Aziz désappointé s'en retourna dans sou pays. Laissons pour un instant Bou-Aziz que nous retrouverons plus loin et suivons le prince Mohammed bey dans les nouvelles phases de son existence, afin de nous expliquer le revirement de fortune qui eut lieu plus lard en sa faveur. Ce sera, du resle, un curieux épisode de la politique turque à enregistrer. Les Hazabra, emmenant le prince avec eux, allèrent camper avec les Nememcha auprès de Tamer'za. Au bout de quelques jours, ils apprenaient que Younès avait razié Hamida Chabbi et Chen nouf Souli, aux environs de Nefzaoua. Craignant d'être attaqués à leur tour, ils se dirigèrent immédiatement vers Touzer et là, ils tinrent un conciliabule dans lequel ils parlèrent au prince en ces termes : (1) Les Hazabra avaient à cette époque leurs campements habi tuels à Bir' Tadjer entre le Zab Chergui et le Souf.
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