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Le Café mensuel 80 en pdf - Café pédagogique

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La recherche<br />

François Jarraud – Monique Royer<br />

A la une : Inflation scolaire : La France compte-elle trop de diplômés ?<br />

Faut-il m<strong>en</strong>er 50% d'une génération à un diplôme de l'<strong>en</strong>seignem<strong>en</strong>t supérieur ou la France produit<br />

t-elle déjà trop de diplômés ? <strong>Le</strong> débat est ouvert depuis la publication du livre de Maris Duru-<br />

Bellat sur "l'inflation scolaire". Il est relancé par le rapport du HCEE qui pr<strong>en</strong>d partie contre la<br />

thèse de la sociologue.<br />

Marie Duru-Bellat, avec François Dubet, dénonce une inflation scolaire qui aggrave les inégalités<br />

sociales et qui a décroché de la vie économique. " Aucun pays n'est assez riche pour allouer toutes<br />

ses richesses à l'éducation : des arbitrages s'impos<strong>en</strong>t donc, qui r<strong>en</strong>d<strong>en</strong>t nécessaire d'expliciter les<br />

finalités recherchées. Si c'est davantage d'égalité <strong>en</strong>tre les jeunes qui est visée, les recherches<br />

françaises ou europé<strong>en</strong>nes montr<strong>en</strong>t qu'il est sans doute bi<strong>en</strong> plus efficace de mettre <strong>en</strong> oeuvre des<br />

politiques de la petite <strong>en</strong>fance ou d'aide aux familles, du logem<strong>en</strong>t (etc.), que de développer un<br />

<strong>en</strong>seignem<strong>en</strong>t supérieur où les plus favorisés sav<strong>en</strong>t très bi<strong>en</strong> se réserver les filières les plus<br />

r<strong>en</strong>tables. Si c'est l'innovation et la compétition économique que l'on privilégie, alors il faut<br />

s'interroger sur ce que «produit» notre <strong>en</strong>seignem<strong>en</strong>t supérieur tel qu'il est : et, dans ce cas, ce n'est<br />

plus <strong>en</strong> termes quantitatifs («plus de la même chose») qu'il faut raisonner, mais <strong>en</strong> termes qualitatifs<br />

(de quels diplômés a-t-on besoin, dotés de quelles compét<strong>en</strong>ces ?). Si c'est l'insertion des jeunes qui<br />

importe, alors privilégier une réponse <strong>en</strong> termes de «plus d'école» fait peser sur le système éducatif<br />

une responsabilité écrasante et absout par avance le monde patronal pour son manque d'implication<br />

dans les questions de formation". Et on constate <strong>en</strong> effet que la hausse du PIB n'a pas suivi<br />

exactem<strong>en</strong>t celle des dép<strong>en</strong>ses <strong>en</strong> éducation.<br />

Face à ces argum<strong>en</strong>ts, les chercheurs du HCEE pos<strong>en</strong>t la question de la r<strong>en</strong>tabilité économique et<br />

sociale de l'éducation. Et ils rapproch<strong>en</strong>t les analyses traditionnelles sur la r<strong>en</strong>tabilité de l'éducation<br />

comme investissem<strong>en</strong>t économique du cas particulier de la France tel qu'il est décrit par Aghion et<br />

Coh<strong>en</strong>.<br />

"Dans leur réc<strong>en</strong>t rapport Éducation et croissance 8, Philippe Aghion et Élie Coh<strong>en</strong> distingu<strong>en</strong>t les<br />

« économies d’imitation » des « économies d’innovation ». <strong>Le</strong>s premières ont un pot<strong>en</strong>tiel élevé<br />

d’assimilation des technologies produites ailleurs et doiv<strong>en</strong>t investir prioritairem<strong>en</strong>t dans les<br />

niveaux scolaires favorisant les imitations et la mise <strong>en</strong> œuvre des nouvelles techniques, à savoir<br />

l’<strong>en</strong>seignem<strong>en</strong>t primaire et secondaire. Pour croître, les secondes doiv<strong>en</strong>t contribuer à l’innovation<br />

technologique et disposer pour cela d’une main-d’œuvre hautem<strong>en</strong>t qualifiée et d’activités de<br />

R&D. Selon eux, la France qui s’est, jusque-là, <strong>en</strong> grande partie, cont<strong>en</strong>tée d’être une économie<br />

d’imitation et d’adaptation, doit désormais se développer massivem<strong>en</strong>t par l’innovation. Pour<br />

passer du premier au second modèle et être capable de sout<strong>en</strong>ir la croissance économique grâce à<br />

l’innovation, elle doit forcém<strong>en</strong>t investir dans l’<strong>en</strong>seignem<strong>en</strong>t supérieur. <strong>Le</strong>ur constat est simple :<br />

après s’être nettem<strong>en</strong>t rapproché du niveau américain au cours des Tr<strong>en</strong>te Glorieuses, le niveau de<br />

productivité français a cessé de converger à partir du début des années quatre-vingt. Il a même<br />

comm<strong>en</strong>cé à décrocher depuis le début des années quatre-vingt-dix. Selon eux, cette dégradation<br />

r<strong>en</strong>voie d’abord à une dégradation des indicateurs relatifs à l’innovation".<br />

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