Le Café mensuel 80 en pdf - Café pédagogique
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Evidemm<strong>en</strong>t, mais ne peut-on pas critiquer la situation actuelle sans retomber dans l’illusion qu’un<br />
retour <strong>en</strong> arrière suffirait à y remédier ? Déjà <strong>en</strong> 1987, les programmes et les méthodes n’étai<strong>en</strong>t<br />
plus très « traditionnels ». Nous avons déjà vu combi<strong>en</strong> l’opinion publique s’est focalisée sur la<br />
grammaire à l’occasion de la publication du rapport B<strong>en</strong>tolila. Peu de disciplines suscit<strong>en</strong>t autant de<br />
remous que le français quand on touche aux programmes. Il est certain que les par<strong>en</strong>ts ont été<br />
fortem<strong>en</strong>t déroutés par l’introduction dans les manuels et cours de français d’une terminologie<br />
savante, jargonnante, qui donnait trop de place à des préoccupations formelles. Mais rev<strong>en</strong>ir à un<br />
état antérieur, âge d’or de la dictée, serait-il suffisant pour sauver la situation ? La dictée n’a jamais<br />
constitué un exercice d’appr<strong>en</strong>tissage, mais un exercice de contrôle d’une orthographe déjà acquise,<br />
tant est qu’elle est bi<strong>en</strong> réussie par les élèves les plus doués qui y voi<strong>en</strong>t un jeu intellectuel fort<br />
séduisant, alors que les plus faibles rest<strong>en</strong>t indéfinim<strong>en</strong>t sur le carreau sans y trouver de voie de<br />
progrès.<br />
Alors que faire ?<br />
- Fixer des priorités dans les programmes pour que les choix ne se fass<strong>en</strong>t pas arbitrairem<strong>en</strong>t : si<br />
une priorité est donnée à l’orthographe, elle doit apparaître clairem<strong>en</strong>t, et ne pas disparaître dans<br />
des objectifs flous.<br />
- Etablir dans les programmes la proportion nécessaire aux différ<strong>en</strong>ts domaines : maîtrise de la<br />
langue, approche des textes et œuvres, production écrite, production orale.<br />
- A l’intérieur même de l’orthographe, fixer une progression <strong>en</strong> fonction des difficultés constatées<br />
et de la fréqu<strong>en</strong>ce d’emploi.<br />
- Simplifier le vocabulaire grammatical pour qu’il soit une aide à l’appr<strong>en</strong>tissage et non pas une<br />
gêne à la compréh<strong>en</strong>sion.<br />
- Combiner les exercices de découverte de la langue avec des appr<strong>en</strong>tissages systématiques,<br />
répétitifs, indisp<strong>en</strong>sables à une acquisition progressive.<br />
- Dans le socle commun de connaissances et compét<strong>en</strong>ces, réserver une place suffisante à<br />
l’orthographe et fixer des seuils d’acquisition contrôlables (il est assez paradoxal que la circulaire<br />
de janvier sur la mise <strong>en</strong> œuvre du socle se focalise sur la grammaire, et ne fasse qu’évoquer<br />
l’orthographe, comme si le sujet était trop difficile…)<br />
- Développer l’interdisciplinarité autour de l’orthographe <strong>en</strong> <strong>en</strong> faisant un objectif prioritaire de<br />
tous les <strong>en</strong>seignants au collège.<br />
- R<strong>en</strong>forcer la formation des <strong>en</strong>seignants débutants, particulièrem<strong>en</strong>t à l’école élém<strong>en</strong>taire où ils<br />
doiv<strong>en</strong>t être polyval<strong>en</strong>ts, et dont l’orthographe n’est pas toujours suffisamm<strong>en</strong>t fixée.<br />
L'orthographe pr<strong>en</strong>d une place importante dans l'opinion publique. Est ce justifié ? Sa place<br />
doit-elle augm<strong>en</strong>ter à l'école ?<br />
Nous sommes un pays paradoxal, fier d’une langue difficile, à cheval sur son orthographe, où il est<br />
impossible de changer le moindre acc<strong>en</strong>t sans que cela devi<strong>en</strong>ne un drame national. La<br />
simplification de l’orthographe recommandée de 1990 n’a jamais pu être véritablem<strong>en</strong>t appliquée.<br />
La dictée de Pivot est dev<strong>en</strong>ue un véritable monum<strong>en</strong>t, symbole de notre attachem<strong>en</strong>t à la<br />
précision. Conjointem<strong>en</strong>t, les coquilles s’accroiss<strong>en</strong>t, de nombreux docum<strong>en</strong>ts qui circul<strong>en</strong>t<br />
aujourd’hui véhicul<strong>en</strong>t une orthographe approximative.<br />
La demande sociale sur l’orthographe est énorme, elle constitue même une des premières barrières<br />
à l’embauche. Dire si elle est justifiée, c’est difficile, d’autres pays n’ont pas ce même attachem<strong>en</strong>t<br />
atavique. Mais la critiquer, c’est mettre <strong>en</strong> difficulté les élèves les plus démunis. <strong>Le</strong> souci de<br />
l’orthographe, s’il doit avoir sa place évidemm<strong>en</strong>t dans le cours de français, doit aussi être l’affaire<br />
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