epistolarum tam ab 10. cal vino quam ad eum - Archive ouverte UNIGE
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317 1556 OOTOB. . 318<br />
i<strong>ad</strong>is noz bourgeois, lesquelz ont esté condamnez<br />
par nostre iustice, que nous leur veuillions donner<br />
saufconduit pour se Tenir purger des crimes a eux<br />
jmposez.<br />
Pour responce nous vous prions avoir telle es-<br />
1 time de nous, attendu la bonne amytié et voisinance<br />
que nous avons avec les magnifiques et puissans<br />
signeurs des Ligues, l'humanité que tousiours jlz<br />
nous ont monstree, les biens et plaisirs que nous<br />
avons receuz d'eux et que nous en espérons encores<br />
a l'<strong>ad</strong>venir, que nous vouldrionB entant qu'il<br />
nous seroit possible leur complaire en tout et partout,<br />
et tant que nostre petit pouvoir se pourra estendre,<br />
nous tascherons de monstrer par effect qu'ilz<br />
ont en nous des voisins qui ne demandent qu'a leur<br />
faire service, et se monstrer amy<strong>ab</strong>les envers eux.<br />
Parquoy nous eussions bien désiré que quelque bonne<br />
occasion se fust offerte de nous requérir d'une chose<br />
plus favor<strong>ab</strong>le, et laquelle nous eussions peu accorder<br />
sans nostre grand preiudice. 2 ) Car nous n'eussions<br />
pas esté difficiles a satisfaire a leur désir, et<br />
sommes bien marriz destre contrainctz de nous excuser<br />
envers vous sur la demande présente que<br />
nous avez faicte. Combien que nous espérons tant<br />
de vostre humanité et prudence, qu'aians ouy s ) les<br />
raisons qui nous empeschent, vous ne serez point<br />
offencez de nostre responce, mais la recevrez benignement<br />
et en serez contentez. Car nous ne<br />
doubtons point que vous, et en general les magnifiques<br />
Signeurs des Ligues, n'aymiez que l'estat<br />
de noBtre ville soit maintenu et conservé en son<br />
entier, et ne vouldriez estre cause qu'il nous <strong>ad</strong>vint<br />
troubles ne fascheries, mais plustost nous vouldriez<br />
aider et secourir *) en tout besoing. Or est jl ainsi<br />
que d'ottroier un tel saufconduit a ceux qui pour<br />
fuyr la punition de leurs crimes se sont rendus<br />
fuitifz, ce seroit faire ouverture a une trop grande<br />
licence, et par trop amoindrir l'authorité de iustice.<br />
Surtout, d'aultant que ceux qui vous ont requis<br />
d?interceder pour eux, nous ont long temps faict de<br />
grandes confusions en nostre ville par leur audace<br />
et témérité, en Borte qu'on peult bien juger qu'ilz<br />
ne prétendent pas a se justiffier, comme aussi il<br />
leur seroit jmpossible, mais plus tost a essayer s'ilz<br />
pourroient esmouvoir quelque sedition pour nous<br />
mettre en ruine. Et defaiot nous apercevons par<br />
voz lettres qu'ilz vous ont mal informez, disans<br />
qu'ilz ont esté dechassez de nostre ville. Car sachans<br />
que leur cause se traictoit en nostre Conseil,<br />
appelle des deux cens, n'estans pressez que de<br />
leur mauvaise conscience, ilz s'enfuyrent. Et après<br />
avoir esté proclamez plusieurs fois, non seulement<br />
2) prudence Bt.<br />
3) yens Bt.<br />
4) servir Bt.<br />
ne sont comparuz, mais ont oultragé de faict et de<br />
parolles tous les nostres, se declairans ennemyz de<br />
nostre ville et communaulté. Et ont continué en<br />
telles jnsolences, après avoir faict. les poursuyttes 6 )<br />
vers vous, dont vous pouvez juger qu'ilz ont par<br />
trop <strong>ab</strong>usé de vostre bonté et doulceur, quant ilz<br />
se sont ainsi eslevez contre ceux ausquelz jlz vous<br />
prioient de porter requeBte en leur faveur. Et puis<br />
qu'ilz vous ont faict a croire qu'aians obtenu saufconduit<br />
par vostre moien, jlz feraient en sorte que<br />
chacun se contenterait d'eux, ne fustce que pour la<br />
reverence de vous, ilz se dévoient porter plus modestement,<br />
attendans l'jssue. Mais Dieu qui les a<br />
endurez en longue patience, les descouvre telz qu'ilz<br />
sont. Et de vostre costé, espérons, nobles et sages<br />
Signeurs, qu'estans <strong>ad</strong>vertiz de oecy, vous jugerez<br />
qu'ilz ne sont pas dignes que moindres que vous<br />
s'empesohent pour eux. Mesmes nous pensons bien<br />
que les magnifiques Conseilz des Ligues, aians.n'agueres<br />
esté par nous informez de la vérité du faict,<br />
en auront telle reputation, et ne vOuldroient que<br />
pour leur avoir obtempéré en ceste demande, nous<br />
souffrissions aulcun dommage ne trouble. D'aultre<br />
part, puis qu'on leur a donné assez bon terme de<br />
se représenter en iustice, et pouroe qu'ilz ne sont<br />
comparuz, ilz ont esté condamnez par contumace.<br />
Nous vous prions de penser si maintenant les sentences<br />
données se pourroient retracter, les <strong>ad</strong>mettant<br />
a nouvelles procedures, sans violer tout ordre<br />
de iustice. Parquoy nous vous prions derechef de<br />
nous tenir pour excusez si nous ne pouvons introduire<br />
en nostre ville un exemple qui n'y a iamais<br />
esté veu, 6 ) et donner licence a gens que nous<br />
congnoissons estre desbordez du tout, de venir attenter<br />
de faire quelque confusion, veu que les maléfices<br />
pour lesquelz ilz ont esté condemnez sont<br />
assez notoires et ont esté publiez, et leur estoit<br />
licite de respondre s'ilz ne se fussent sentiz coulp<strong>ab</strong>les.<br />
Au reste nous vous prions aussi d'<strong>ad</strong>vertir<br />
les Magnifiques Signeurs des Ligues voz supérieurs<br />
qu'en ce qu'ilz leur plaira requérir de nous, et qui<br />
sera en nostre faculté, ilz nous trouveront tousiours<br />
prestz, comme nous avons protesté, a nous emploier<br />
a leurs faire tous services, et obtempérer a leurs<br />
bons désirs.<br />
Surquoy nous desirons d'estre humblement recommandez<br />
a leurs bonnes graoes et aux vostrès,<br />
prians Dieu qu'il luy plaise vous tenir en sa saincte<br />
garde et vous augmenter en tous biens et prospérité.<br />
De Geneve, ce xxv«. d'octobre 1556.<br />
5) prophestes Bt.<br />
6) bon Bt.