National Experiences - British Commission for Military History
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80 ai r p o w e r in 20 t H Ce n t u ry do C t r i n e s a n d em p l o y m e n t - nat i o n a l ex p e r i e n C e s<br />
nes perdirent plus de la moitié de leurs effectifs, dans l’impossibilité où se trouvait le<br />
commandement (…) d’assurer une protection suffisante aux expéditions ». 2<br />
Les pertes en avions sont elles aussi très importantes. Si les statistiques varient<br />
d’une source à l’autre et qu’il n’est guère possible d’en évaluer précisément le chiffre,<br />
entre 850 et 900 appareils ont été détruits, toutes causes confondues. La ventilation<br />
des dommages subis par l’aviation française est révélatrice d’un certain nombre de<br />
particularités de la lutte menée en mai-juin. Près de 400 appareils (la moitié environ<br />
du total) ont été détruits au combat, sous les coups des chasseurs et des mitrailleurs<br />
des bombardiers ennemis ou encore d’une Flak omniprésente jusqu’au bout, sans<br />
compter 240 autres dans des accidents ; mais au moins 230 (plus d’un quart) ont été<br />
écrasés sur leurs terrains mêmes par les chasseurs et les bombardiers ennemis. Ce<br />
dernier chiffre rend bien compte de la pression extrême et constante qu’ont exercée<br />
les <strong>for</strong>ces aériennes allemandes sur les aérodromes alliés. Si on compare les pertes<br />
subies en six semaines avec les effectifs déployés en métropole au commencement<br />
de la bataille (1 972), ce sont 45 % des appareils français qui disparaissent dans la<br />
grande tourmente de mai-juin 1940 – et près de 70 % si on ne prend en compte que<br />
les seuls avions disponibles (1 286). 3<br />
Les <strong>for</strong>ces aériennes françaises ne se sont pas pour autant évaporées lorsque survient<br />
le cessez-le-feu du 25 juin. Les pertes qu’elles ont subies ont été en partie<br />
compensées par des appareils sortis d’usine, ou encore venus tout droit de l’entrepôt<br />
de Châteaudun ou bien pris en compte par les groupes de chasse ou de bombardement<br />
sur les terrains mêmes des avionneurs. A la fin des opérations, l’armée de l’Air<br />
compte 29 groupes de chasse, 33 groupes de bombardement et 15 groupes de reconnaissance,<br />
ce qui représente des moyens non négligeables dont une partie importante<br />
est stationnée en Afrique du Nord, où elle n’a rien à redouter de la part de l’adversaire,<br />
au moins dans l’immédiat. Mieux encore, elle dispose d’imposantes réserves<br />
encore jamais utilisées. En juillet 1940, le général Redempt, directeur des services<br />
du matériel, comptabilise 4 238 avions dont 1 739 en ligne, sans compter ceux que<br />
l’entrepôt de Châteaudun a dépêchés en Algérie, au Maroc et en Tunisie. A la même<br />
époque, les éléments de première ligne sous les ordres de Vuillemin disposent de<br />
575 chasseurs modernes, 300 bombardiers, dont 250 modernes, et 200 appareils de<br />
renseignement. Deux mois plus tard, les Allemands et les Italiens recensent plus de<br />
2 800 chasseurs, bombardiers et avions de tous types entreposés sous leur contrôle,<br />
en zone non occupée.<br />
De tels chiffres relativisent à l’évidence la thèse d’une armée de l’Air qui aurait<br />
purement et simplement disparu dans la tourmente de ce printemps tragique. Ce<br />
n’est pas pour autant que l’aviation française <strong>for</strong>me un ensemble vraiment cohérent,<br />
2 Historique de l’aviation de bombardement pendant la campagne de 1940, s. d., SHD/DAA 3D498.<br />
3 Voir, à ce propos, Patrick Facon, L’armée de l’Air dans la tourmente, La bataille de France, Paris,<br />
Economica, 1997 et, du même auteur, Batailles dans le ciel de France, mai-juin 1940, Saint-Malo,<br />
Editions Pascal Galodé, 2010.