La Bataille des femmes - Les Classiques des sciences sociales
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parvient à obtenir ce poste, c’est pour s’y « complaire » et, en tout cas,<br />
on y arrive, sans doute, « fatigué », et à un certain âge.<br />
Par ailleurs, soulignons que d’un point de vue professionnel,<br />
on peut penser que certains gestes sont « routinisés », acquis, incorporés<br />
avant l’arrivée dans le service. Nous reviendrons sur cette question.<br />
Une vie quotidienne faite de « débrouillardises »<br />
Mais, l’identité et les conduites de ces praticiens de santé ne<br />
peuvent uniquement être décrites selon <strong>des</strong> caractéristiques professionnelles.<br />
Il s’agit aussi, et sans doute principalement, de « vies » humaines<br />
et, globalement, pour tous, la vie quotidienne est difficile.<br />
Maintenant on vient d’aller à K. [pour loger], il n’y a pas encore un mois. Il n’y a<br />
pas encore le courant. On a fait un prêt et maintenant la banque est entrain de prélever.<br />
C’est difficile, on se débrouille pour joindre les deux bouts. (…) Nous nous<br />
réveillons à quatre heures, quatre heures trente… Nous faisons rapidement ce qu’il<br />
y a à faire. (…) Nous faisons <strong>des</strong> journées continues et nous devons rentrer à 17<br />
heures. Et quand on rentre on travaille aussi. (…) Á notre niveau, nous implorons<br />
la grâce de Dieu. Chez qui tu vas aller crier maintenant de venir te porter secours ?<br />
Tout le monde se cherche. On implore la grâce de Dieu. (C., S.-F.).<br />
Il y a certaines, pour quitter la maison et arriver à l’hôpital, il faut 500 Cfa le matin.<br />
Venir, manger et retourner, encore 500 Cfa, et avec quel salaire ? Il y a<br />
d’autres qui sont à 70 000 Cfa, plus de 5 ans, plus de 10 ans… Pour une femme<br />
avec <strong>des</strong> enfants, est-ce que c’est possible ? Et les enfants sont en “privé” parce<br />
qu'avec l’État ça ne marche pas ! (E., S.F.)<br />
Il faut donc continuellement trouver <strong>des</strong> solutions pour pallier<br />
l’insuffisance <strong>des</strong> salaires officiels, et notamment en « doublant » ses<br />
activités et ses revenus officiels par d’autres activités.<br />
Avec mon mari, on se débrouille tant bien que mal. (…) Je me lève le matin à 4<br />
heures, j’ai une petite fille que je dois entretenir avant de quitter la maison… (S.-<br />
F.).<br />
J’ai quatre enfants, ils vont à l’école, le dernier dans une école privée…Il y a aussi<br />
la bonne et un enfant de mon petit frère, il fait la classe de 5 ieme . (…) On se débrouille<br />
avec nos maigres salaires. Je fais du jus pour les écoles… (A., S.-F.).<br />
Il en va de même pour le manœuvre, et sans doute chacun se<br />
« débrouille » ainsi, à sa manière, et en fonction <strong>des</strong> « ouvertures »<br />
économiques correspondant à son statut.<br />
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