La Bataille des femmes - Les Classiques des sciences sociales
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Le médical et la qualité <strong>des</strong> soins ressentis<br />
Il importerait, tout d’abord, d’analyser la qualité <strong>des</strong> soins telle<br />
qu’elle est ressentie par les patients. D’organiser un regard éventuellement<br />
critique, en miroir, sur ses actes.<br />
<strong>Les</strong> consultations prénatales ont été faites à Saint Gabriel (…). Ils sont très corrects,<br />
ils font très bien leur travail, il y a le respect et ils sont très motivés.<br />
(…) Ils reçoivent bien la malade, ils la dorlotent. (…) Une fois celle-ci a eu une<br />
diarrhée pendant sa grossesse, vraiment j’ai été satisfaite. On m’a mis de côté et<br />
ils se sont occupés d’elle. Ils lui ont demandé comment elle avait eu la diarrhée, ce<br />
qu’elle a mangé, et ils se sont occupés d’elle avec beaucoup de patience. (…)<br />
Quand vous recevez quelqu’un, vous ne grondez pas, vous ne criez pas sur elle,<br />
c’est un genre de respect…<br />
Lorsque nous sommes arrivés, les sages-<strong>femmes</strong> et les médecins se sont réunis autour<br />
de ma fille pour la consultation. Chacun a donné son idée. Ils ont pris <strong>des</strong><br />
précautions sur place. Ils lui ont donné <strong>des</strong> médicaments, on l’a laissé en observation<br />
pendant trois heures.<br />
Dès qu’ils voient un malade, ils courent à sa rencontre pour le recevoir, alors que<br />
dans certains lieux, c’est différent (Mme C. M., mère d’une parturiente).<br />
Construire un espace critique<br />
Lié à cette qualité <strong>des</strong> soins, il est essentiel de constituer <strong>des</strong><br />
« espaces » de réflexivité. Il faut permettre aux soignants une certaine<br />
critique <strong>des</strong> actes observés, et faire que l’évaluation critique de ses<br />
conduites devienne une habitude liée à la pratique professionnelle.<br />
Des fois, on voit <strong>des</strong> bêtises. Il y a une boite à idées chez la surveillante. Nous<br />
adressons une lettre, nous mettons le nom et on dit : madame s’il vous plait dites<br />
à telle ou telle personne de changer. Et puis la surveillante fait appel à l’intéressée.<br />
Elle regarde la lettre et dit : je ne veux plus te voir faire cela. Le plus souvent<br />
nous passons par cela. Des fois même, elles nous poussent à les reprocher. Reprochez-nous<br />
! On leur dit, on ne peut pas vous reprocher mais on peut s’adresser à<br />
la boite à idée… C’est quand même pas facile, parce que jusqu’à maintenant, ça<br />
ne va pas. (Mme S., S.-F.).<br />
Nous les sages-<strong>femmes</strong>, nous nous réunissons et prenons <strong>des</strong> décisions. Finalement,<br />
nous avons décidé de ne plus imiter ces sages-<strong>femmes</strong>, qu’elles voient notre<br />
manière différente de travailler, ça leur fera honte et elles vont changer (Mme K.,<br />
S.-F.).<br />
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