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La Bataille des femmes - Les Classiques des sciences sociales

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le médecin-chef de service la réclame. Celle-ci aurait due être au chevet de la patiente<br />

dès son hospitalisation. L’équipe reste un bon moment à son chevet, la tension<br />

artérielle est prise, le Valium est réinjecté dans le flacon, puis le médecin<br />

donne <strong>des</strong> consignes de surveillance. Cette fois, la patiente sera revue par SF et les<br />

matrones à plusieurs reprises.<br />

Ici la patiente est connue pour sa pathologie, elle est effectivement<br />

hospitalisée pour un syndrome toxémique. Néanmoins, on<br />

constate que les modalités de la prise en charge ne correspondent pas<br />

à la pathologie. <strong>La</strong> surveillance tensionnelle, la vérification de la prise<br />

du traitement 1 n’ont pas été effectuées et le matériel de sécurité fait<br />

défaut (canule). Il faut l’apparition d’une crise patente pour que la patiente<br />

soit prise en charge, en urgence. À ce moment, une fois présentés<br />

<strong>des</strong> signes francs, le seuil de risque vital s’élève dramatiquement. À<br />

l’issue de la « crise », la surveillance rapprochée de la patiente reprend.<br />

Nous voyons ici que ce n’est qu’après avoir « rebasculé » dans l’urgence<br />

patente que la prise en charge a été effective.<br />

En début de nuit, SF reçoit une patiente, madame Traoré. Après l’examen clinique,<br />

SF estime que la patiente est en début de travail. Elle a rompu la poche<br />

<strong>des</strong> eaux, SF décide par conséquent de la garder en salle d’accouchement. Elle<br />

présente quelques signes cliniques faisant suspecter une disproportion fœtopelvienne.<br />

<strong>La</strong> présentation céphalique est haute, l’examen clinique du bassin montre<br />

son étroitesse. Au cours de la nuit, la patiente se manifeste de temps à autre, SF<br />

me demande de l’examiner, la dilatation reste stationnaire. SF attend. Pendant<br />

ce temps, le travail autre afflue. Plusieurs parturientes accouchent. Vers 23<br />

heures, une patiente ne répondant pas au traitement anti-hypertenseur est césarisée,<br />

une autre, hospitalisée pour fausse-couche, saigne, une aspiration manuelle intra-utérine<br />

doit être effectuée. Arrive le petit matin, la parturiente dont le travail<br />

obstétrical ne progressait pas, est toujours là, mais les signes cliniques s’aggravent.<br />

Après l’avoir moi-même réexaminée, je constate la teinte du liquide amniotique et<br />

l’apparition d’une bosse sérosanguine. Il est maintenant huit heures du matin, et<br />

SF n’a pas examiné Madame Traoré depuis quatre heures. Il s’avère que, prise<br />

dans le flot de la garde, SF a oublié la présence de la patiente. Lors de l’arrivée<br />

de sa collègue de relève, SF lui montre les dossiers <strong>des</strong> patientes, en omettant Madame<br />

Traoré. Nous apprendrons, par un concours de circonstance, que celle-ci subira<br />

finalement une césarienne le jour même, vers quatorze heures.<br />

Très largement, passé le moment de l’urgence, il semble que les<br />

sages-<strong>femmes</strong> perdent de vue les situations à moindre risque. De<br />

1 Une fois vide, le flacon a été remplacé par la matrone, celle-ci n’a ni informé la<br />

sage-femme, ni injecté de Valium® dans le flacon.<br />

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