La Bataille des femmes - Les Classiques des sciences sociales
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Des sages-<strong>femmes</strong> ne savent pas remplir le partogramme malgré<br />
les formations reçues. Il ne faisait pas partie de leur formation initiale<br />
et elles préfèrent se baser sur leur expérience. Pour le remplir, il<br />
faut avoir sous la main un bic et un tensiomètre, ce qui n’est pas toujours<br />
le cas, nous l’avons vu précédemment. <strong>La</strong> famille de la parturiente<br />
doit payer le formulaire. <strong>Les</strong> familles pauvres, quand elles le<br />
payent, le font en retard. <strong>La</strong> privatisation <strong>des</strong> accouchements entraîne<br />
parfois le fait que certaines sages-<strong>femmes</strong> préfèrent qu’il n’y ait pas de<br />
trace écrite de l’accouchement pour encaisser à leur profit tout l’argent<br />
versé par la famille.<br />
Il existe une sous notification <strong>des</strong> accouchements par les sages-<strong>femmes</strong> quand les<br />
docteurs sont absents (Un médecin stagiaire du CMC).<br />
Le changement de garde enfin explique que le partogramme ne<br />
soit pas complètement ou pas du tout rempli.<br />
L’imprécision dans le traitement antérieur et dans le suivi du traitement<br />
Le mari d’une femme enceinte revient au CMC voir le médecin stagiaire qui a prescrit<br />
à sa femme un médicament contre le paludisme, pour renouveler le traitement.<br />
Le médecin au mari : «Je ne peux prescrire le produit si je ne connais pas effectivement<br />
quelle dose elle a prise à la maison. J’ai dit à votre femme de rester ici pour<br />
qu’on lui monte une perfusion. Elle a refusé. Elle a dit qu’il y a quelqu’un à la<br />
maison qui peut faire cela pour elle. Donc, si vous revenez ici avec <strong>des</strong> plaintes, il<br />
faut que je sache ce qu’elle a pris à la maison avant d’être ici. On ne peut pas donner<br />
une autre dose, cela peut provoquer <strong>des</strong> réactions. »<br />
Le médecin apprend par le mari que la patiente a pris la quinine sous forme de<br />
comprimés. « Je ne connais pas la dose qu’elle a prise à la maison. Il faut envoyer le<br />
reste (du médicament) on va vérifier. Si vous cachez la vérité au médecin, ça ne peut<br />
marcher. »<br />
Cette bribe de conversation évoque la difficulté de la prise en<br />
charge <strong>des</strong> gestantes et <strong>des</strong> parturientes. <strong>Les</strong> familles n’ont pas<br />
conscience <strong>des</strong> risques encourus par la prise médicamenteuse. <strong>Les</strong> solutions<br />
les moins onéreuses sont recherchées comme faire monter la<br />
perfusion par un parent ou un voisin, acheter la forme orale plutôt<br />
qu’injectable du produit, utiliser peut-être un reste de médicaments.<br />
Des parturientes se présentent au moment de l’accouchement<br />
sans le « carnet rose » du suivi de la grossesse. <strong>La</strong> sage-femme ou le<br />
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