La Bataille des femmes - Les Classiques des sciences sociales
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ceintes battues par leur mari. <strong>La</strong> pauvreté est cause de malnutrition.<br />
<strong>Les</strong> <strong>femmes</strong> arrivent fatiguées, anémiées à l’accouchement.<br />
J’ai <strong>des</strong> difficultés avec les <strong>femmes</strong>. En général, elles sont sales, l’hygiène manque<br />
beaucoup. Il y a beaucoup de leucorrhées très insupportables. En plus, elles ne<br />
mangent pas bien. <strong>Les</strong> anémies nous fatiguent beaucoup. Elles sont anémiées<br />
parce qu’elles sont pauvres (ATS effectuant <strong>des</strong> accouchements à son domicile).<br />
L’incidence de la pauvreté sur les soins obstétricaux est forte.<br />
Lorsque les <strong>femmes</strong> sont passées par d’autres structures avant d’arriver<br />
à l’hôpital, les familles ont déjà épuisé leurs maigres disponibilités<br />
pécuniaires. Il faut aussi trouver le prix d’un déplacement en taxi. <strong>La</strong><br />
référence constitue une hantise pour les familles pauvres. <strong>La</strong> pauvreté<br />
est une cause de retard de référence.<br />
<strong>La</strong> pauvreté rend le suivi <strong>des</strong> mala<strong>des</strong> plus difficile pour<br />
d’autres raisons. Le dossier n’est pas acheté ou est acheté en retard.<br />
Par pauvreté, les traitements sont différés. Le retard <strong>des</strong> examens entraîne<br />
un retard de prescription. <strong>Les</strong> médicaments seront achetés<br />
quand la famille aura réuni l’argent nécessaire. <strong>Les</strong> pansements ne<br />
sont pas changés à temps et cette pauvreté <strong>des</strong> familles justifie, pour<br />
les soignants, l’absence d’actes nécessaires.<br />
Lors d’un staff, un CES explique qu’il n’a pas pratiqué le curage d’une femme<br />
ayant accouché d’un mort-né (ce qui a entraîné ultérieurement une hémorragie)<br />
parce que les parents n’avaient pas honoré les dépenses engagées.<br />
<strong>Les</strong> <strong>femmes</strong> pauvres ne recevront pas d’ocytocique pour accélérer<br />
l’accouchement.<br />
Depuis que Hawa a été admise à la maternité du CMC, elle ne fait que pleurer.<br />
Elle se tord de douleur, se lève pour aller uriner, n’y parvient pas, vomit. <strong>Les</strong><br />
sages-<strong>femmes</strong> qui entrent et sortent dans la salle d’accouchement disent : « Cette<br />
femme a souffert ! ».<br />
- Une sage-femme à sa collègue : Est-ce qu’on ne va pas lui mettre les produits<br />
pour qu’elle puisse vite accoucher parce qu’elle a trop souffert ?<br />
- <strong>La</strong> deuxième sage-femme : Est-ce que tu sais si ses parents vont rembourser ?<br />
- Hawa : S’il vous plaît, faites, je vous jure qu’on va payer.<br />
<strong>La</strong> première sage-femme va chercher une injection et lui administre.<br />
<strong>Les</strong> prix demandés par les sages-<strong>femmes</strong> et les médecins sont<br />
au-<strong>des</strong>sus <strong>des</strong> prix officiels. Des soignants différents réclament de<br />
l’argent au cours de l’hospitalisation alors que d’après la norme édictée<br />
par le chef de service, l’argent ne devrait être versé qu’une seule<br />
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