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La Bataille des femmes - Les Classiques des sciences sociales

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allongée sur la table, SF arrive et salue tout en commençant l’examen. Afin de<br />

compléter l’examen clinique, elle pose les questions nécessaires. Elle remplit l’ordonnance<br />

et dans la plupart <strong>des</strong> cas, la fait remettre à l’accompagnant par la matrone.<br />

SF en donne <strong>des</strong> explications dès lors que les familles la sollicite. Lorsque<br />

je retrouve SF affectée en zone rurale, elle travaille dans une atmosphère moins<br />

précipitée, elle n’est pas plus loquace et conserve l’habitude de superposer l’interrogatoire<br />

à l’examen clinique.<br />

CS quant à elle, travaille dans un service peu productif et « prend son temps ».<br />

Nous resterons parfois plus d’une demi heure avec une patiente. Lors <strong>des</strong> premières<br />

consultations, elle reste aussi longuement sur le temps interrogatoire que<br />

sur celui, explicatif, de l’ordonnance. CS s’assure toujours que les patientes comprennent.<br />

Après un an de pratique, CS est fidèle à elle-même, elle écoute les<br />

plaintes, prend son temps pour expliquer un traitement, elle en dit moins sur l’explication<br />

<strong>des</strong> pathologies, « il ne faut pas trop en dire pour ne pas inquiéter » sera<br />

sa parole. Elle travaille plus vite, connaît la plupart <strong>des</strong> patientes. Elle a substitué<br />

une partie du temps d’interaction verbale médicale par de la convivialité, par<br />

conséquent les consultations se déroulent sur le même laps de temps. CS, de même<br />

que les patientes, se « taquinent » et discutent, notamment à propos de sexualité.<br />

CS dira à une accouchée qui lui rend visite « il faut un périnée bien recousu, car<br />

s’il est trop large, le mari ne le reconnaîtra pas ». Parallèlement, CS a une attitude<br />

moins protocolaire, elle se déplace dans la salle, interroge en faisant face à la<br />

patiente, n’est plus assise derrière son bureau.<br />

À l’évidence, chaque sage-femme fait la consultation en fonction<br />

de sa personnalité. Chez les sages-<strong>femmes</strong> affables, l’interaction<br />

verbale reste un moment important de la consultation, alors que<br />

celles peu prolixes ne le seront pas plus dans le cadre professionnel.<br />

Toutefois, ayons toujours à l’esprit les effets de contexte : un service<br />

peu actif, a <strong>des</strong> contraintes sans commune mesure avec un service de<br />

référence.<br />

Nous observons cependant une nette constante quant à l’absence<br />

d’explication donnée aux patientes concernant les gestes effectués<br />

ou les pathologies diagnostiquées. Certes, l’explication d’une<br />

prescription est donnée, mais sans en préciser les raisons. De surcroît,<br />

selon certaines professionnelles, informer serait une source d’inquiétude<br />

pour les patientes. En tout état de cause, le silence à l’égard de<br />

l’acte médical est de mise. L’échange verbal dans la consultation,<br />

fonde plutôt une démarche de convivialité que de soin.<br />

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