La Bataille des femmes - Les Classiques des sciences sociales
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Lorsqu’il y a une référence tardive, 2 heures, 3 heures du matin, le taxi dépose la<br />
femme et continue. Si on ne parvient pas à la gérer, pour la référer, on n’a pas<br />
d’ambulance, pas de moyen de locomotion. Nous sommes obligés de courir par-ci,<br />
par-là. Le temps de trouver une voiture, parfois la femme meurt en cours de<br />
route » (Une sage-femme d’un CMC).<br />
<strong>Les</strong> ruptures et les retards de prise en charge au cours de la trajectoire<br />
Dans un environnement médical peu sécurisé, toute rupture,<br />
suspension ou retard de prise en charge fait courir un risque aux parturientes.<br />
Mais même lorsque cela est possible, les parturientes n’accouchent<br />
pas obligatoirement dans les structures où elles ont suivi<br />
avec les CPN soit par manque d’argent, par ignorance <strong>des</strong> risques…<br />
Ou pour se sentir en confiance, les <strong>femmes</strong> préfèrent accoucher à leur<br />
domicile ou dans leur quartier, entre les mains d’une voisine qu’elles<br />
connaissent. Or, ces voisines n’ont ni les moyens, ni la qualification<br />
pour gérer <strong>des</strong> complications obstétricales.<br />
Quand on suit une femme pendant la CPN, on la connaît très bien. Au moment<br />
de l’accouchement, elle est détournée, soit par les matrones, soit par les accoucheuses<br />
“villageoises”. Des fois, c’est ce qui crée les accidents autour de l’accouchement<br />
(Une sage-femme du CMC).<br />
Des <strong>femmes</strong> font leur CPN dans les centres de santé, dans les CMC, dans les<br />
CHU mais quand elles sont en travail, elles viennent me voir pour savoir si elles<br />
sont en travail. Si je leur dis que c’est loin d’abord, de se retourner à la maison,<br />
elles vont voir d’autres accoucheuses. Certaines reviennent, mais d’autres viennent<br />
voir seulement si c’est le travail. Elles vont se faire accoucher avec les vieilles à la<br />
maison ou bien avec d’autres personnes (Une sage-femme retraitée qui fait les accouchements<br />
à son domicile et au CMC).<br />
Lorsque la sage-femme ou le médecin d’une structure publique<br />
renvoie la femme à son domicile car le travail d’accouchement n’a pas<br />
vraiment commencé, il lui fait courir un risque compte tenu <strong>des</strong> difficultés<br />
de transport et de prise en charge.<br />
Par ailleurs, dans certains cas, à cause d’une certaine obstination,<br />
de leur incompétence ou même de leur cupidité, <strong>des</strong> soignants<br />
<strong>des</strong> maternités périphériques veulent coûte que coûte réaliser l’accouchement<br />
et ils retardent la parturiente qui doit accoucher par<br />
césarienne.<br />
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