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La Bataille des femmes - Les Classiques des sciences sociales

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Je préfère les médicaments traditionnels, ça m’arrange mieux, j’y suis habituée.<br />

Ma maman prépare pour moi et certaines vieilles de chez nous. Il y a <strong>des</strong> racines,<br />

<strong>des</strong> décoctés et beaucoup d’autres choses. Dès que je tombe en grossesse, après<br />

quelques mois, je me rends au village à côté de ma maman, j’y reste jusqu’à l’accouchement<br />

(Binta accompagnatrice d’une gestante venue consulter au CMC).<br />

Des décoctés de plantes sont utilisés au sein de la famille pour<br />

soigner les malaises de la grossesse. Certains peuvent être efficaces,<br />

d’autres sans effet ou même provoquer <strong>des</strong> intoxications.<br />

Fatoumata, enceinte, hospitalisée, dit qu’elle prenait <strong>des</strong> plantes.<br />

Sa mère commente : « Ses pieds et son visage ont commencé à enfler. On s’est mis<br />

à la traiter avec <strong>des</strong> décoctés et <strong>des</strong> produits traditionnels ; on a vu que sa douleur<br />

ne faisait qu’augmenter et les “enflements” ne baissaient pas. »<br />

Nathalie a été hospitalisée en urgence. Le médecin qui l’a examinée a conclu à<br />

une intoxication à partir de médicaments traditionnels. Elle avait la diarrhée,<br />

vomissait <strong>des</strong> décoctés de feuilles et <strong>des</strong> traces de feuilles pilées étaient visibles sur<br />

son ventre.<br />

Dans la famille de Nathalie, le mari s’oppose à ce que sa femme soit traitée par<br />

les plantes alors que ses parents qui y sont favorables. L’oncle de Nathalie, infirmier,<br />

fils de guérisseur, explique : « <strong>Les</strong> <strong>femmes</strong> (tantes, cousines de Nathalie) se<br />

sont données un coup de main, elles se sont débrouillées pour trouver <strong>des</strong> plantes.<br />

<strong>Les</strong> risques perçus, les interdits de la grossesse<br />

<strong>Les</strong> risques perçus mélangent les messages médicaux tels qu’ils<br />

ont été compris et les croyances véhiculées dans les familles.<br />

<strong>La</strong> femme enceinte ne doit pas laver les habits, dit Hawa. Le médecin m’a dit de<br />

ne pas rester tout le temps assise. Mon mari me disait de ne pas me promener la<br />

nuit, d’éviter de sauter sur les médicaments qu’on dépose dans les rues pour que<br />

cela ne touche pas l’enfant.<br />

<strong>La</strong> femme enceinte ne doit pas se promener la nuit, ni se laver<br />

la nuit dehors pour éviter de faire de mauvaises rencontres notamment<br />

celles de génies qui pourraient gâter sa grossesse ou rendre son<br />

enfant anormal. Cette croyance est toujours prégnante même chez les<br />

<strong>femmes</strong> vivant à la capitale. Se laver avec un talisman, porter une cordelette<br />

nouée autour <strong>des</strong> hanches, est supposé protèger <strong>des</strong> personnes<br />

malveillantes, <strong>des</strong> sorciers et <strong>des</strong> génies.<br />

Elle ne doit pas marcher, non plus, sur les débris végétaux de<br />

macérés ou de décoctés ayant servi à la préparation de remè<strong>des</strong> car ils<br />

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