La Bataille des femmes - Les Classiques des sciences sociales
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On constate également que les <strong>femmes</strong> n’ont pas été informées<br />
lors <strong>des</strong> visites prénatales qu’elles risquaient d’être césarisées en cas de<br />
bassin étroit. <strong>Les</strong> <strong>femmes</strong> ont confiance dans les CPN et pensent être<br />
protégées alors que le suivi est souvent mal fait et que les sages<strong>femmes</strong><br />
ne détectent pas ou n’informent pas <strong>des</strong> risques obstétricaux.<br />
De même, les opérées ne connaissent pas toujours clairement<br />
pourquoi elles ont subi une césarienne. Et si leur bassin est trop<br />
étroit ; lors d’une prochaine grossesse, elles risquent de revenir en urgence.<br />
Faute d’avoir été informées elles risquent de ne pas anticiper<br />
sur ce risque.<br />
-L’enquêteur : Pourquoi avez-vous eu une césarienne ?<br />
-Kadiatou (primipare césarisée à l’hôpital pour un bassin étroit à l’hôpital) :<br />
J’avais mal au ventre et mon ventre était trop devant.<br />
<strong>La</strong> grossesse n’étant pas perçue comme une maladie, elle apparaît<br />
comme ne nécessitant pas une prévention d’un risque spécifique.<br />
-L’enquêteur : Qu’est-ce que votre mari prévoyait pour votre grossesse ?<br />
-Binta rencontrée au CMC : Il ne se rend même pas compte jusqu’à l’accouchement.<br />
C’est si quelqu’un tombe malade que tu dois te préparer et prévoir quelque<br />
chose mais si ta femme ne se plaint de rien, tu ne prévois rien.<br />
Parfois l’anticipation du risque médical est remplacée par une<br />
anticipation du risque social.<br />
Nous avons acheté les habits de l’enfant et gardé de l’argent pour le baptême pour<br />
ne pas être honni devant les gens (M’Bintou, césarisée à l’hôpital).<br />
<strong>La</strong> peur <strong>des</strong> primipares est fortement exprimée. Elles ignorent<br />
tout du travail de l’accouchement.<br />
Je ne parlais pas de grossesse et d’accouchement, ni avec mes amies, ni avec mes<br />
parentes. C’est après mon mariage que j’ai connu tout cela (Une accouchée du<br />
CMC).<br />
Elles arrivent apeurées à l’accouchement et, en grande partie<br />
pour cela, certaines ne coopèrent pas avec les soignants comme Djenabou<br />
qui a accouché au CMC.<br />
Dès que l’enfant engage sa tête, elle referme ses jambes et la tête repart. Plus de<br />
cinq fois, la même scène s’est reproduite. Finalement, pour sauver la vie du bébé<br />
car une souffrance fœtale a été détectée, les sages-<strong>femmes</strong>, matrones, médecins<br />
étaient tous obligés de la tenir car elle soulevait constamment la tête, balançait les<br />
pieds et a voulu mordre Dr D. (Observation réalisée en salle d’accouchement).<br />
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