25.06.2013 Views

La Bataille des femmes - Les Classiques des sciences sociales

La Bataille des femmes - Les Classiques des sciences sociales

La Bataille des femmes - Les Classiques des sciences sociales

SHOW MORE
SHOW LESS

Create successful ePaper yourself

Turn your PDF publications into a flip-book with our unique Google optimized e-Paper software.

<strong>La</strong> question qui se pose ici est donc avant tout celle <strong>des</strong> conditions<br />

de la reconnaissance de la parturiente. Qu’elle identité minimale<br />

est nécessaire pour être socialement reconnue comme étant digne de<br />

soins ? Après tout ce qui « choque » – et qui constitue aussi un réel<br />

dysfonctionnement technique - est que l’intérêt envers les unes est,<br />

d’une certaine façon, lié au désintérêt envers les autres. Et pour certaines<br />

<strong>femmes</strong>, leur « disparition sociale », anticipe et cause leur décès.<br />

Le staff entre fiction, absolution et réflexivité<br />

Le staff est l’instance de réflexivité du service. Et, pour cette<br />

raison, cette réunion quotidienne devrait être le véritable moment de<br />

travail sur ses actes. C’est pourquoi, nous évoquerons le fonctionnement<br />

du staff.<br />

Malgré les efforts déployés dans ce service, plus qu’un rapport<br />

au réel et une manière de s’attacher à résoudre un ensemble de difficultés<br />

liées au service, le staff consiste en une mise en récit permettant<br />

- sous la forme d’une démonstration scolaire plus qu’en fonction<br />

d’une réflexion précise sur la prise en charge réelle – un ensemble<br />

d’opérations.<br />

En effet, si les discussions autour <strong>des</strong> « cas » rencontrés permettent<br />

une indispensable formation permanente <strong>des</strong> personnels et<br />

<strong>des</strong> étudiants, le staff se présente aussi comme une sorte d’instance<br />

de disculpation consistant à faire porter régulièrement la responsabilité<br />

sur ce qui a précédé l’arrivée dans le service.<br />

Quand une femme meurt ici, ce n’est ni la responsabilité du médecin, ni de la<br />

sage-femme. Ici c’est un hôpital de référence. Le plus souvent on reçoit <strong>des</strong> patientes<br />

fatiguées. Certaines viennent et meurent. Il ne faut pas dire que la faute<br />

c’est la patiente, mais son entourage et ses parents. D’autres rendent l’âme en<br />

route parce qu’ayant trop saigné (Mme L., S.-F.).<br />

Certes, le parcours et l’accès expliquent une partie <strong>des</strong> échecs<br />

<strong>des</strong> prises en charge. Cependant, d’autres dimensions peuvent expliquer<br />

largement les difficultés de fonctionnement du service.<br />

Mais surtout le staff qui devrait se présenter comme une instance<br />

de réflexivité ne peut assumer ce rôle et construit, au contraire,<br />

une sorte d’instance « fictionnelle » ne permettant que très insuffi-<br />

- 86 -

Hooray! Your file is uploaded and ready to be published.

Saved successfully!

Ooh no, something went wrong!