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La Bataille des femmes - Les Classiques des sciences sociales

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C’est le cas seulement de mon enfant que je suis entrain de penser. Parce que depuis<br />

là, je ne l’ai pas encore vu. C’est les médecins qui viennent me dire ceci, cela,<br />

moi-même je ne l’ai pas encore vu (Mme G. césarisée avec enfant).<br />

Et à l’évidence, la question de ces liens « émotionnels » devrait<br />

être central dans la mise en place d’une éthique de la relation entre les<br />

sages-<strong>femmes</strong> et les parturientes.<br />

Quand je m’intéresse aux <strong>femmes</strong> et qu’elles s’intéressent à moi, je sens un soulagement.<br />

Quand je m’intéresse aux <strong>femmes</strong>, c’est un plaisir de rester à leur côté.<br />

Ce que j’ai constaté, c’est que quand tu restes à côté d’une femme que tu ne<br />

connais pas et que tu t’intéresses à cette personne, on te pose la question de savoir<br />

si c’est un parent ? Ça ne devrait pas être comme ça… (…) J’ai compris que<br />

nous ne nous intéressions pas à nos <strong>femmes</strong>… J’ai toujours dit aux élèves sages<strong>femmes</strong><br />

que quand vous êtes à côté d’une femme, vous devez la prendre comme<br />

votre sœur et comme ça, elle a confiance en vous et tout ce qu’elle a, elle va vous le<br />

dire… (Sage-femme).<br />

Le cas <strong>des</strong> enfants mort-nés met encore plus en exergue ce besoin<br />

de proximité affective ressentie par les <strong>femmes</strong> concernées.<br />

… Il faut rester à côté de celle-là aussi, bien que c'est un mort-né et que ça fait<br />

mal. Il est vrai que c'est insupportable quand l’odeur tombe, mais nous sommes<br />

obligées de rester à côté de celle qui va expulser pour l’encourager . (…) Je ne sais<br />

pas si c’est la crise, avant on mesurait, on faisait même la toilette au mort-né. On<br />

prenait les mesures… maintenant, tu vois, on dépose. Il arrive à certaines sages<strong>femmes</strong><br />

de crier parce que la femme pleure. C’est normal, elle a perdu ce qu'elle<br />

croyait avoir, c’est dur. Il faut se mettre à sa place, même si elle est multipare<br />

nous ne savons pas comment elle a supporté cette grossesse jusqu'à la fin.<br />

Il nous manque quelque chose et je me dis que c’est peut-être la formation qu’on<br />

n’a pas eu, ou bien c’est le lieu qui agit sur nous (Sage-femme).<br />

On ne saurait mieux dire.<br />

(7) <strong>La</strong> qualité <strong>des</strong> soins « ressentie » et ces formes d’organisation<br />

font que l’accès aux soins est construit<br />

sur une « confiance » personnalisée<br />

Améliorer la qualité <strong>des</strong> soins revient aussi à transférer le lieu<br />

où l’on accorde sa confiance. Et il importe alors de s'interroger sur la<br />

qualité <strong>des</strong> soins ressentis.<br />

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