La Bataille des femmes - Les Classiques des sciences sociales
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Celui-ci est ensuite examiné afin qu’au moindre doute sur son<br />
intégralité, une révision utérine soit effectuée. Le geste consiste à introduire<br />
la main dans l’utérus et à en extraire les résidus. Induisant <strong>des</strong><br />
risques d’infection et de perforation utérine, il doit être effectué sans<br />
brutalité, à bon escient, et répété le moins possible. Pendant les deux<br />
heures suivantes, la parturiente présente <strong>des</strong> risques hémorragiques et<br />
doit donc être surveillée régulièrement plusieurs fois dans l’heure. De<br />
même, la tonicité utérine, le saignement vulvaire, la tension artérielle<br />
et le pouls doivent être contrôlés. Si la parturiente n’a pas excessivement<br />
saigné pendant les deux heures de suivi, elle peut quitter la salle<br />
d’accouchement et bénéficier d’une surveillance moins stricte.<br />
Voici maintenant comment tout ceci est effectué in vivo.<br />
HB accouche une parturiente. Après quelques efforts expulsifs, la mère donne<br />
naissance à son troisième enfant. HB pose l’enfant sur la table aux pieds de la<br />
mère, elle clampe et coupe le cordon ombilical. L’enfant est enveloppé dans un<br />
pagne et confié à la matrone qui débute les soins. HB examine le périnée, voit<br />
qu’il est intact. Elle rassemble une partie du matériel d’accouchement dans l’évier<br />
en attendant le décollement placentaire. Quelques minutes plus tard, elle pose sa<br />
main sur l’utérus, le sent contracté. Elle se place sur le côté de la mère, prend le<br />
cordon dans une main, pose l’autre main sur le fond utérin et pendant qu’elle dirige<br />
le placenta, elle demande à la patiente de pousser doucement. Le placenta est<br />
expulsé immédiatement, puis mis dans un sac en plastique. Il sera par la suite récupéré<br />
par la famille. Ensuite, HB injecte un utérotonique en intramusculaire,<br />
sonde la vessie puis masse l’utérus. Elle attend plusieurs minutes, vérifie la tonicité<br />
utérine, puis allonge la parturiente et la recouvre d’un pagne. Pendant la première<br />
heure, HB vérifie à plusieurs reprises les paramètres de surveillance. Lorsqu’elle<br />
quitte la salle pour remplir le dossier, l’infirmière prend le relais. HB ira<br />
quand même vérifier de temps à autre. Elle transfère totalement la surveillance au<br />
reste de l’équipe dès que la mère va dans un lit de « suites de couches » (Un mois<br />
de pratique).<br />
Cette scène décrit la prise en charge d’une délivrance placentaire.<br />
Nous voyons qu’HB ne vérifie pas l’intégralité placentaire et que<br />
la surveillance s’effectue en partenariat avec l’agent subalterne.<br />
Comme le dit une sage-femme exerçant depuis cinq ans, lors d’une<br />
discussion nocturne : « oui, le placenta on a appris à le vérifier mais on ne le<br />
fait jamais ».<br />
Attribuer l’absence de vérification placentaire uniquement à de<br />
la « négligence » nous semble limitatif. En effet, d’autres significations<br />
s’attachent à ce geste comme lorsque le sang rappelle une impureté<br />
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