La Bataille des femmes - Les Classiques des sciences sociales
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Dans un CS, les soignants nous expliquent qu’ils ne sont pas bien accueillis<br />
quand ils vont chercher les <strong>femmes</strong> enceintes dans les quartiers : «Certaines<br />
pensent que l’on vient leur soutirer de l’argent. »<br />
À l’opposé, d’autres <strong>femmes</strong>, suivant les conseils de leur médecin<br />
ou de leur sage-femme, font jusqu’à deux CPN par mois qui ne se<br />
justifient pas médicalement. Chaque visite est facturée de 300 Cfa à<br />
800 Cfa. Si le soignant consulté à son domicile ne pratique pas la vaccination<br />
anti-tétanique et l’albuminurie, il envoie la gestante dans une<br />
structure « adéquate », soit qu’il y travaille, soit qu’il y connaisse quelqu’un.<br />
Des CPN effectuées consciencieusement permettent de diagnostiquer<br />
certains facteurs de risque au moment de l’accouchement<br />
et d’orienter les parturientes vers les structures où elles pourront, le<br />
mieux, être prises en charge. Mais, en fait, les CPN ne sont pas toujours<br />
bien pratiquées et efficaces et les <strong>femmes</strong> enceintes ignorent les<br />
risques qu’elles courent au moment de l’accouchement par suite de<br />
négligence, incompétence, déficit d’information 1 .<br />
Maïmouna a été césarisée au CMC à cause d’une infection sexuellement transmissible<br />
(IST). D’après le médecin qui l’a opérée, ses CPN, réalisées au CMC,<br />
service SMI, ont été de mauvaise qualité car elles n’ont pas permis de diagnostiquer<br />
l’IST.<br />
Annette a suivi ces CPN dans un CS public avec une sage-femme, recommandée<br />
par sa grande sœur, qui ne lui a pas indiqué que la disproportion entre son bassin<br />
et la taille du fœtus nécessiterait une césarienne.<br />
<strong>Les</strong> accouchements à domicile<br />
Je n’aime pas venir à l’hôpital pour faire mes accouchements, c’est une perte de<br />
temps. J’ai eu mes deux enfants, seule à la maison et quand j’ai fini d’accoucher,<br />
j’appelle les voisins pour qu’ils viennent s’occuper du bébé (Diarou rencontrée avec<br />
son nouveau-né au CMC).<br />
Certaines <strong>femmes</strong> comme Diarou préfèrent donc accoucher à<br />
leur domicile, c’est notamment le cas parmi de certaines populations<br />
qui, par discrétion et pudeur, préfèrent accoucher seules et réussissent<br />
1 A. Prual dans un article en 1999 (b : 175) dénonçait la mauvaise qualité de la prise<br />
en charge <strong>des</strong> <strong>femmes</strong> enceintes au niveau <strong>des</strong> consultations prénatales en Afrique de<br />
l’Ouest où certains facteurs de risque n’étaient jamais dépistés. D’autre part, à l’accouchement,<br />
les informations collectées lors <strong>des</strong> CPN étaient rarement utilisées.<br />
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