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La Bataille des femmes - Les Classiques des sciences sociales

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est aussi malheureusement synonyme d’une désorganisation <strong>des</strong> services.<br />

Cette désorganisation n’est pas « anarchique ». Elle correspond<br />

à un ordre et est construite selon certaines régularités. Trois points essentiels<br />

se dégagent de nos observations, la précarité et la personnalisation<br />

<strong>des</strong> tâches, les décalages temporels entre les diverses tâches<br />

techniques et les procédures de « confiage » <strong>des</strong> tâches, responsabilités<br />

et <strong>des</strong> patients<br />

<strong>La</strong> précarité et la personnalisation <strong>des</strong> tâches<br />

Une nouvelle fois, plus qu’incriminer un « mauvais vouloir »<br />

<strong>des</strong> personnels, il nous semble plus utile de comprendre comment <strong>des</strong><br />

systèmes de contraintes adverses viennent construire les conduites<br />

<strong>des</strong> soignants.<br />

Certaines de ces formes de désorganisations peuvent sembler<br />

mo<strong>des</strong>tes. Mais dans cette interdépendance <strong>des</strong> actions permettant le<br />

fonctionnement d’un service et de l’hôpital rien n’est accessoire. Et le<br />

pire peut provenir du plus apparemment insignifiant.<br />

Par exemple, au plus humble, le travail de nettoyage du linge ne<br />

repose souvent que sur un seul. Et il n’est effectué qu’en fonction<br />

d’une possible « redistribution » liée à cette possibilité de pouvoir, un<br />

jour, « confier » <strong>des</strong> mala<strong>des</strong>. L’action est conçue comme une anticipation<br />

d’une possible demande, une sorte de « sécurité sociale » en<br />

acte :<br />

Vous voyez les ballots d’habits partout là… Il faut que cela soit lavé et repassé<br />

avant lundi matin 8 heures. Chez nous il n’y a ni dimanche, ni férié. Il faut travailler<br />

tous les jours. Il y a beaucoup de travail à faire ici. Ce n’est pas seulement<br />

les machines qui lavent. Il faut d’abord mettre les habits dans la bassine, remuer<br />

à l’aide d’un bâton pour enlever le sang et cela au moins cinq fois en changeant<br />

l’eau, et mettre l’eau de Javel, désinfecter, puis mettre de l’Omo avant d’introduire<br />

le savon dans la machine…C’est un travail dur et sans salaire. Parfois c’est<br />

quand les docteurs nous envoient leurs habits personnels, nous les lavons et ils<br />

nous donnent 200 Cfa. On accepte parce qu’on ne peut pas les taxer. Eux aussi<br />

ils nous arrangent quand un membre de notre famille tombe malade, nous ne<br />

payons rien, même les produits, ils nous les donnent si c’est disponible (Mme K.,<br />

Buanderie).<br />

Outre ces pratiques liées à la nécessité – tout au moins ressentie<br />

– de nouer une relation particulière avec les soignants, d’autres<br />

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