La Bataille des femmes - Les Classiques des sciences sociales
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pagne à la morgue et on prend le corps. Il y a <strong>des</strong> pleurs. Parfois c’est la sagefemme<br />
qui dit, parfois c'est le médecin (S.-F.).<br />
Pourtant, c’est bien l’ensemble <strong>des</strong> actes de soins qui conjugue<br />
ces dimensions affectives et techniques. Prenons simplement<br />
quelques exemples, et notamment observons comment s’établissent<br />
les interactions entre soignants et <strong>femmes</strong> lors d’une garde « ordinaire<br />
».<br />
Trois tables sont occupées.<br />
<strong>La</strong> première, il s’agit d’un problème de rétention placentaire après un accouchement<br />
normal.<br />
Sage-femme demande le nom de la femme, comme personne ne répond, elle demande<br />
à la femme elle-même son nom.<br />
Sage-femme fait une injection « violemment », en tout cas sans aucune parole.<br />
Sage-femme appuie sur le ventre, la parturiente gémit.<br />
Médecin s’adresse à la sage-femme : « tu as fait le valium® et le buscopan® ? »<br />
16h 55 Le médecin tente de décoller le placenta, échec.<br />
17h 10 retour de la sage-femme qui appuie de nouveau sur le ventre. <strong>La</strong> sage<br />
femme seule tente l’extraction du placenta, la parturiente crie, beaucoup de douleur.<br />
Elle réussit à extraire le placenta.<br />
17h 15 Sage-femme place une sonde<br />
Elle fait une ordonnance pour l’accompagnante, lui tend sans lui adresser la parole.<br />
On veut lui faire une injection, la seringue tombe par terre, elle est utilisée malgré<br />
tout.<br />
L’aiguille et la seringue sont jetées dans le sac pour les objets « mous » et pas dans<br />
la bouteille pour objets tranchants.<br />
<strong>Les</strong> conduites médicales et « l’affectif » sont ici mêlés. Mais ces<br />
dimensions affectives de l’accouchement viennent aussi « bousculer »<br />
certains « découpages » techniques. En effet, si l’on se place du point<br />
de vue <strong>des</strong> distinctions <strong>des</strong> disciplines médicales, il est légitime de distinguer<br />
entre l’obstétrique et la pédiatrie. Mais pour ce qui concerne la<br />
qualité <strong>des</strong> soins ressentis, il est important de « penser » le lien affectif<br />
entre la mère et l’enfant (voire avec le père ?). Et pourtant …<br />
Heureusement, comme l’enfant est là, je suis entrain de prier, je ne sais pas comment<br />
ça va aller. Ce matin, la matrone est venue. Elle me disait de bien prier,<br />
que l'enfant est là, mais il est fatigué, un peu souffrant, qu’ils ne comprennent pas<br />
pourquoi … mais qu’il a avalé beaucoup d’eau. Donc de prier qu’ils sont en<br />
train de le traiter normalement pour voir quel sera le résultat. (…)<br />
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