La Bataille des femmes - Les Classiques des sciences sociales
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volonté » générale. Il s’agit, dans cet exemple, plutôt d’une question<br />
de « garde ». Puisque les sages-<strong>femmes</strong> « font » 48 heures sans revenir<br />
au service, elles oublient ou ne peuvent retrouver les familles <strong>des</strong><br />
<strong>femmes</strong> pour lesquelles elles ont pu faire cette demande de sang. Il<br />
s’agit, et <strong>des</strong> <strong>femmes</strong> peuvent en mourir, <strong>des</strong> effets d’un simple décalage<br />
temporel.<br />
À cela il faut ajouter qu’il est difficile de demander à <strong>des</strong> familles<br />
de « rembourser » le sang si la parturiente est décédée. Ici ce<br />
n’est plus une question de temps qui « bloque » le système, mais un<br />
rapport entre <strong>des</strong> règles de bienséance et une logique administrative.<br />
De manière moins dramatique, d’autres usages du temps<br />
viennent perturber le fonctionnement du service. Par exemple, il peut<br />
s’agir du clivage entre le temps de la « garde » et celui du « staff » :<br />
C’est très difficile de faire venir toutes les sages-<strong>femmes</strong> au staff. Nous avons <strong>des</strong><br />
équipes de garde. C’est ce qui fait que le matin, à 8 heures, au moment où commence<br />
le staff, nous n’avons sous la main, que les sages-<strong>femmes</strong> qui ont passé la<br />
nuit et qui vont être remplacées par les sages-<strong>femmes</strong> qui viennent à 8 h. 30. (…)<br />
Donc c’est vrai, l’idéal serait que tout le monde soit là pour que l’on relève les erreurs<br />
ou fautes. Mais c’est un peu difficile de dire que tout le monde doit être au<br />
staff tous les jours. (…) Mais il y a tellement à faire sur le plan scientifique et<br />
administratif et social… (Dr. L.)<br />
Un autre problème de concordance <strong>des</strong> temps concerne les<br />
liens entre l’action et l’écrit. L’accouchement correspond à un temps<br />
de l’action très largement « englué » dans la répétition et la routine.<br />
Cette répétition ne laisse que peu de temps et d’espace à un retrait réflexif<br />
et normatif que construiraient l’écrit et le partogramme.<br />
Tout le temps, le dossier est mal tenu. Ce n’est pas parce que les <strong>femmes</strong> ont été<br />
mal surveillées, mais c’est que ce qui devrait s’écrire, au fur et à mesure qu’on<br />
l’exécute, ne se fait pas. Certains, vous fouillez très bien, ce n’est pas parce que la<br />
femme n’a pas été suivie, mais parce qu’on n’écrit pas. Ce n’est pas mentionné.<br />
Il est bien vrai qu’en Afrique, si vous tenez compte qu’à la routine, on fait 4, 5,<br />
6 accouchements pendant la garde, c’est vrai, mais dans l’ensemble, c’est la paresse<br />
(Dr. L.).<br />
Nous avons <strong>des</strong> sages-<strong>femmes</strong> qui sont bien formées, qui ne se séparent pas du<br />
« parto » et qui le tiennent correctement. Par contre, nous avons une nouvelle<br />
équipe qui s’en fout. Il y a les nouvelles formées par les nantaises et les nouvelles<br />
formées par K..Celles qui ont travaillé dans les centres de santé, ce n’est pas le<br />
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