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La Bataille des femmes - Les Classiques des sciences sociales

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fois. Et, lorsque les familles n’arrivent pas à acheter les médicaments,<br />

les médecins attendent que les familles payent les ordonnances. Et<br />

cette attente peut être fatale.<br />

Tu fais l’ordonnance, le mari ne peut pas honorer et nous n’avons pas les moyens<br />

à part le kit. Tu n’arrives pas à trouver le médicament pour sauver la personne,<br />

c’est très difficile (Un médecin de l’hôpital).<br />

Le coût <strong>des</strong> médicaments payés par les familles est vraiment<br />

très élevé, et pire encore, les <strong>femmes</strong> n’ont pas les moyens d’assurer le<br />

traitement médical après une complication.<br />

Même pour manger, c’est un problème, avec la pauvreté on arrive à perdre beaucoup<br />

de <strong>femmes</strong>. Quand tu interroges la femme qui a fait un mort-né, <strong>des</strong> avortements<br />

à répétition : « Pourquoi lorsque cela t’est arrivé, tu n’es pas venue ? »<br />

Elles répondent qu’elles n’ont pas les moyens et sont obligées de faire recours à<br />

l’indigénat 1 . Des fois, même le transport, elles n’ont pas. Elles n’ont même pas le<br />

courage de venir (une sage-femme d’un CMC).<br />

De même, de retour à leur domicile, <strong>des</strong> familles ne peuvent<br />

assurer le suivi du traitement de l’accouchée.<br />

Quand elles quittent, elles n’arrivent pas à honorer l’ordonnance, c’est la rechute<br />

et elles meurent. Dès qu’elles quittent, c’est <strong>des</strong> complications par manque de<br />

moyens pour faire face aux médicaments (un médecin de l’hôpital).<br />

Si les frais ne sont pas honorés, la durée d’hospitalisation est<br />

parfois prolongée pour faire pression sur la famille. En regard, la pénurie<br />

du matériel dans la structure de référence est aggravée par la<br />

pauvreté de la famille qui ne pourra pas payer le sang, les pansements,<br />

les médicaments d’urgence. Le temps de l’urgence est incompatible<br />

avec le temps de la débrouillardise nécessitée par les situations de<br />

pauvreté.<br />

Dans le cas de Tenen, le CES avait dit au mari que sa femme devait être opérée<br />

dans les trois jours, de faire vite, de chercher les médicaments. À cause du manque<br />

de moyens et de la rémission provisoire <strong>des</strong> douleurs, l’opération n’aura lieu que<br />

trois semaines plus tard.<br />

Lors de la visite médicale à l’hôpital, le CES trouve que la tension de Fatoumata<br />

est de 6/2. Il écrit une ordonnance. « C’est urgent, commente-il, il faut donner<br />

aux parents ». L’infirmière attache le garrot au bras de la malade pour placer<br />

une perfusion. « C’est trop tôt, dit le médecin, <strong>Les</strong> produits ne sont pas là. »<br />

1 « Faire recours à l’indigénat » signifie se soigner avec <strong>des</strong> plantes.<br />

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