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La Bataille des femmes - Les Classiques des sciences sociales

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Avant de rentrer au bloc, j’ai négocié avec le médecin pour la césarienne. On s’est<br />

entendu sur 60 000 Cfa et lorsque je suis sortie du bloc, pour mon lit d’hospitalisation<br />

où je m’étais pas encore réveillée, ma jumelle, sans savoir que j’ai négocié a<br />

demandé le prix, le docteur lui a dit que c’est 70 000 Cfa, elle lui a donné<br />

d’avance (Mme S., patiente).<br />

Enfin, autant que ces sortes d’élections affectives, il s’agit d’un<br />

système de relais. Chaque « responsable » pouvant confier « son » patient<br />

à son tour à un autre soignant. L’important étant qu’à chaque<br />

étape soit transférée la « responsabilité » du cas. Il faut que la parturiente<br />

soit indexée sous une parole engageant le soignant envers sa<br />

patiente. Ce n’est pas l’institution qui crée la responsabilité mais le<br />

processus de « confiage » interindividuel.<br />

J’ai suivi toutes mes CPN avec une dame à B. qui a une clinique. Mais son<br />

mari, le docteur P., travaillait ici. C’est à ce dernier que la dame m’avait confiée<br />

pour faire la césarienne. Il était à la retraite alors il m’a confié à son ami le docteur<br />

Y.. C’est d’ailleurs un parent à moi parce qu’il est de la même ethnie (Mme<br />

T M., patiente césarisée).<br />

J’ai <strong>des</strong> protégées, elles sont correctement suivies. Si le docteur a confiance en une<br />

sage-femme, il lui confie la malade pour les consultations prénatales. Il y aussi <strong>des</strong><br />

<strong>femmes</strong> qui se confient directement. J’en ai plein. Aucune n’a eu de problème<br />

jusque là. (…) Si c’est une femme de quartier, je la programme à l’hôpital. Je<br />

suis avec un gynécologue (…).<br />

<strong>La</strong> femme fait un cadeau, on n’a pas besoin de lui dire, elle le fait d’elle-même.<br />

D’autres nous donnent <strong>des</strong> habits, <strong>des</strong> chaussures, de l’argent, ça dépend de la<br />

personne et de sa volonté. Même si c’est le médecin qui m’envoie sa protégée, elle<br />

en fait autant. (…) Il y a <strong>des</strong> <strong>femmes</strong>, une fois que le docteur vous met en contact,<br />

elles viennent directement vers nous sans passer par le docteur. À partir du<br />

contact, et c’est à moi de lui passer un coup de fil (M. F., S.-F.).<br />

Et tout cela, une nouvelle fois, causant le pire autant que le<br />

meilleur. En effet, le processus est simple. Si l’on est confié à temps et<br />

à de bons praticiens, pour le dire simplement : « c’est tout bénéfice ».<br />

Et, dans ce cadre, pour la totalité <strong>des</strong> personnels, la représentation de<br />

l’accouchement idéal est liée au travail d’anciennes sages-<strong>femmes</strong> occupant<br />

la place de la véritable « référence » du travail bien fait.<br />

<strong>La</strong> norme réelle n’est donc pas celle inscrite sur les papiers officiels,<br />

mais celle observée dans les pratiques de ces « anciennes »<br />

sages-<strong>femmes</strong>.<br />

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