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La Bataille des femmes - Les Classiques des sciences sociales

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voir leurs enfants pris en charge, et le système <strong>des</strong> faveurs créé une<br />

grande discrimination. Celles qui sont nanties peuvent échapper aux<br />

heures d’attentes et passer en priorité. Amina, jeune femme pauvre et<br />

ne connaissant personne dans le milieu hospitalier, se voit menacée<br />

de ne pas voir ses enfants pris en charge la prochaine fois qu’elle arrive<br />

en retard et ne peut faire vacciner ses enfants car apparemment<br />

ce n’est pas le bon jour. En revanche, Zeïnabou, plus aisée et qui<br />

connaît <strong>des</strong> gens au sein de la structure hospitalière, malgré son retard,<br />

est prise en charge en priorité et peut faire vacciner son enfant.<br />

On peut faire l’hypothèse que plus la femme est dans une situation<br />

de vulnérabilité forte, plus les modalités de sa prise en charge<br />

médicale et celle de ses enfants seront mauvaises : qualité de l’accueil<br />

par le personnel soignant, degré d’attente avant d’être prise en charge,<br />

qualité de l’acte médical préventif ou curatif, moyens mis en œuvre<br />

pour trouver les médicaments ou le sang, l’oxygène nécessaires à la<br />

survie de la femme ou de l’enfant. Ses chances de survie seront donc<br />

moindres.<br />

De même, ce système <strong>des</strong> faveurs peut aussi avoir un effet pervers<br />

et créer une situation à risque pour la parturiente. Prenons<br />

l’exemple donné, dans cet ouvrage, par Yannick Jaffré. Si la personne<br />

qui est censée s’en occuper -d’une « femme protégée »- n’est pas là,<br />

celle-ci court le risque de ne pas être prise en charge par un personnel<br />

soignant qui ne veut pas en prendre la responsabilité.<br />

Outre ces impacts techniques, il s’agit aussi d’une certaine sociabilité<br />

et les formes de relations, souvent violentes, qui existent<br />

entre les sages-<strong>femmes</strong> et les parturientes illustrent différentes formes<br />

de rapport de domination du personnel soignant sur les parturientes.<br />

Des interviewées font ainsi souvent mention de problèmes de relations<br />

interpersonnelles avec les soignants ; elles dénoncent la violence<br />

verbale, l’apathie, la discrimination en faveur de certaines catégories<br />

de patientes, la ru<strong>des</strong>se (Saizonou & al. 2006 : 678).<br />

Plusieurs explications, mais qui ne légitiment pas la conduite<br />

fréquente d’hostilité vis-à-vis <strong>des</strong> <strong>femmes</strong>, peuvent être évoquées. Par<br />

exemple, la rencontre entre soignantes et soignées met parfois en présence<br />

<strong>des</strong> <strong>femmes</strong> qui viennent de milieux sociaux et géographiques<br />

très différents : les sages-<strong>femmes</strong> viennent de milieux urbains et de<br />

familles de fonctionnaires nantis et ont parfois <strong>des</strong> difficultés pour<br />

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