La Bataille des femmes - Les Classiques des sciences sociales
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sons <strong>des</strong> engagements pour qu’on puisse sauver la vie de nos patientes. (…) Nous<br />
signons : je m’engage à prendre le sang et rembourser plus tard. Ce sont les médecins<br />
qui doivent signer.<br />
Question : Et comment faites-vous pour rembourser ce sang ?<br />
Nous faisons tout pour que les parents viennent donner leur sang, où qu’ils<br />
viennent avec <strong>des</strong> donneurs.<br />
(…) Mais les sages-<strong>femmes</strong> quand même respectent difficilement leurs engagements<br />
quand elles signent <strong>des</strong> bons, elles ne retournent plus pour savoir si les parents<br />
ont remboursé ou pas…C’est ce qui fait que l’équipe qui est là-bas, quand<br />
c’est les sages-<strong>femmes</strong>, elle refuse. Ils ont <strong>des</strong> problèmes après… C’est une banque<br />
de sang, les gens qui ne sont pas confiés, ils ne trouvent pas de sang. (Dr. G.)<br />
Pour le sang, on demande aux parents d’aller à la banque sanguine. Soit, ils<br />
donnent un donneur ou ils achètent là-bas. Je ne sais pas … (Mme J., S.-F.).<br />
Quand une femme arrive et qu’elle n’a pas les moyens, son mari n’a pas les<br />
moyens… Ça dépendra de sa chance. Parce que nous arrivons à perdre beaucoup<br />
de femme ici, pas par négligence, mais par manque de moyens. Par exemple, les<br />
<strong>femmes</strong> qui viennent dans un terrain d’anémie, on a besoin de sang, on va à la<br />
transfusion sanguine, là on demande de l’argent… Ça retarde là-bas. Finalement<br />
la femme meurt. Même quand il y a un kit, on n’a pas de sang ni d’hémacèle et<br />
puis souvent les parents ne remboursent pas (Mme K., S. F.).<br />
Le problème de sang se pose, les parents font 40 minutes à 1 heure avant de trouver<br />
le sang. Généralement d’ici leur retour, la plupart <strong>des</strong> <strong>femmes</strong> décèdent. Voir<br />
une femme qui décède par hémorragie, ça fait mal… (Mme I., CES).<br />
Pièce indispensable, les gants manquent aussi, faisant ainsi une<br />
limite objective à certains gestes :<br />
Chaque femme achète ses paires de gants. Mais nous avons les doigtiers que nous<br />
donnent les délégués médicaux à titre publicitaire… si vous voulez pour que nous<br />
achetions les produits dans leurs pharmacies privées (Dr. L.).<br />
<strong>Les</strong> gants on les porte, on touche la femme et on ne les jette pas immédiatement.<br />
On reporte les mêmes gants pour toucher la femme alors qu’il est dit de toucher la<br />
femme une seule fois avec les gants (Mme S., S.-F.).<br />
Il en va de même pour les tensiomètres, et la tension n’est plus<br />
prise :<br />
(…) on nous a passé un tensiomètre qui n’est pas bon. Chaque fois on court à<br />
gauche et à droite pour en avoir. (…). Nous sommes les seules qui avons gâté<br />
notre matériel. Pour en avoir, je vais emprunter à mon mari (Mme J., S.-F.).<br />
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