Orphée 2001 - Margelle

Dans lequel je liquide enfin mon éditeur !
Le vent, ce salopard dont il sera longuement question dans le prochain
bouquin, me claquebousculait au sommet de la Tour Montparnasse.
Trouver un point d’envol n’était pas aussi simple que je l’avais imaginé.
Chargé et harnaché comme je l’étais mon souffle n’était plus qu’une brève
note en bas de page et je me préparais à sauter dans le vide, non sans jeter
un œil mauvais à la mince et athlétique silhouette féminine qui, à mes
côtés, m’observait sans émotion. C’était peut‑être Catherine Zi, mais j’en
doutais. La flore hollywoodienne aime les doublures et les billets verts, il
n’y avait rien de tout ça sur ce toit.
‑ Tu tiens vraiment à me faire rejouer Entrapment ? hurlai‑je entre deux
rafales, m’accrochant au faible espoir qu’une fois dans sa vie une de ces
foutues bonnes femmes témoigne d’un sens moral.
J’ignorerai toujours si, sous sa cagoule, elle eut un sourire de compas‑
sion. Elle remua la tête clock et counterclockwise puis, d’une puissante
détente de la jambe droite (obsédé comme je suis j’eus le temps de jouir de
la courbe parfaite de son mollet), elle me précipita dans le vide. Toutes des
salopes, celle‑là devait en être Présidente à vie, mais quand les g m’em‑
poignèrent, je lui trouvai une éphémère qualité, elle n’était pas du genre
hésitant. Il est vrai que nous avions minutieusement répété la séquence,
que NORA, l’ordinatrice de ma vie, déroulait la bobine du fil de mes jours
au quart de poil de setter et que ma chute ne fut pas aussi désagréable que
je l’avais imaginé. À part mes couilles à demi moore 1 , mes jambes dis‑
tendues et une petite incapacité à respirer avec ce thorax écrasé, je survé‑
1 Vu le contexte actuel de mainstream je reformulerai : pas question de
rendre un hommage même minus(cul) à une conasse made in Hollywood.
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