Orphée 2001 - Margelle

La Danseuse Cosmique
Si j’étais vous, je ne lirais pas ce Prélude.
Hier au soir ou il y a mille ans, je suis mort avec ma bien aimée. En l’ai‑
mant. Ça n’a peut‑être duré que la clarté d’un orgasme ou le temps qu’il
faut à l’Univers pour se résorber, je l’ignore : c’est une vaste histoire dont
ce livre est la suite improbable. Dieu avait repris les causes des choses, on
avait volé le Big Bang, le monde résumé à des effets prenait son temps
pour se déconstruire.
Lisez ce Prélude avec méfiance, car en suite de ces événements consi‑
dérables qui affectèrent tant l’ordre des choses, vous, moi, le reste, et qui
sont relatés dans l’ouvrage précédent, je me suis senti obligé de laisser,
pour commencer, la parole au Cosmos.
Je lui ai beaucoup téléphoné, je l’ai beaucoup scruté et j’ai consulté à
son propos les meilleurs esprits, croyez‑moi. Mais personne ne sait grand‑
chose du Cosmos, ce restant de giclée du Big Bang, même pas lui, si tant
est qu’il soit une Entité comme nous l’entendons. Alors voilà : je vais viser
trop haut puis corriger trop bas, et si par hasard je mets dans votre mille ce
sera parce que vous avez de bonnes bibliothèques dans votre tête et que le
choc des mots, que j’assemble avec beaucoup de légèreté, aura trouvé un
chemin dans votre propre Cosmos.
Et avant de m’y mettre, je dois également vous prévenir que cette intro‑
duction risque fort de ne rien contenir de ce que vous aimez par‑dessus
tout chez moi : la désinvolture et ces escapades sexuelles, qu’à tort l’on me
prête depuis quelque temps.
Tout commence avec un noir.
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