29.06.2013 Views

Orphée 2001 - Margelle

Orphée 2001 - Margelle

Orphée 2001 - Margelle

SHOW MORE
SHOW LESS

Create successful ePaper yourself

Turn your PDF publications into a flip-book with our unique Google optimized e-Paper software.

‑ Boff, tu as trois mille pieds de mieux que lui, yakapiké !<br />

Quand il faut y’aller… Avant de lui intimer l’indispensable EOF qui ris‑<br />

quait d’être secouant je tins à lui poser une question anodine : « Qu’est‑ce<br />

que je fous ici, à plus de cinquante ans de mon époque ? »<br />

‑ 117, répondit NORA.<br />

‑ Uh ? Ça veut dire quoi ?<br />

‑ Écoute Jacques, ça m’a déjà pris trois picosecondes pour trouver la<br />

réponse à cette question vaseuse. Mais à toi, si je dois vraiment t’expliquer<br />

pourquoi et comment tes mésaventures peuvent être résumées au nombre<br />

117 ça nous prendra onze siècles. Alors tu décides quoi ?<br />

Ben voyons ! « On y va ! » fis‑je de l’air le plus assuré que je pus<br />

prendre, sur quoi j’attrapais trois g négatifs, ce qui est plus désagréable<br />

que d’aller prendre le thé avec votre belle mère, suivis de quatre positifs<br />

et on se retrouva aux côtés du kamikaze, un véritable Okha, trois fusées,<br />

six mètres d’envergure, cinq de longueur et à peine plus de 100 cm de<br />

hauteur, me renseigna NORA. Je n’aurais pas pu caser mon mètre quatre‑<br />

vingt quinze dans l’avion suicide et par comparaison le Helldiver avec ses<br />

quinze mètres d’envergure avait des airs de forteresse volante. L’ennui<br />

c’est qu’on était tombé à cinq cents pieds mer et qu’on fonçait droit sur<br />

le Saint Lô.<br />

J’y remédiai.<br />

Pas vraiment comme je l’aurais voulu, mon aile droite était engagée sous<br />

la minivoilure de l’Okha et je donnai un violent coup de manche vers la<br />

gauche. J’eus le temps de voir le sourire poli du citron qui se tenait aux<br />

commandes, il avait l’air soulagé de finir dans les vagues. Ces gens‑là sont<br />

incroyablement formels en toutes circonstances. En France on s’étripe<br />

pour un taxi, même de jour. Le Kamikaze (ô vent divin !) me salua dans<br />

le style cérémonieux « après vous je vous en prie » mais sa civilité fut<br />

de courte durée car il loupa la passerelle de commandement de quelques<br />

mètres et se crasha dans le Pacifique à proximité du Saint Lô, explosant<br />

avec une violence inouïe. Ces trucs‑là, me confia NORA, transportent<br />

mille deux cents kilos d’explosifs et ne sont pas surtout pas conçus pour<br />

atterrir ou amerrir. Le May avait dû être littéralement douché par l’énorme<br />

geyser, l’idée me plaisait fort.<br />

Ma satisfaction aussi fut de courte durée, car dans la manœuvre mon<br />

189

Hooray! Your file is uploaded and ready to be published.

Saved successfully!

Ooh no, something went wrong!