Orphée 2001 - Margelle

Me protéger d’elle ? Je ne comprenais pas pourquoi un homme aurait
besoin d’être protégé de son amour. Je le lui dis.
‑ Comme avec une louve familière ou même une chienne, sa nature
sauvage resurgira un jour. Et tu finiras pendu dans de la lingerie féminine,
héhéhéhé !
Il me faisait chier et je le lui dis. Durant tout cet échange j’avais tenté
de me déhancher pour apercevoir mon Graal ambulant, une furieuse
frénésie de saumon me portait à remonter cette source, j’eusse gravi des
montagnes, sauté des escarpements rocheux, je serais mort avec joie dans
l’eau claire de la dernière altitude et ce con sulfureux allait me faire perdre
ma piste. Quel dommage que je ne dispose pas des techniques d’Oriane, je
l’aurais découpé en rondelles d’un ongle négligent et disposé ça et là dans
ces petites rues du quartier latin en guise de super pastrami.
‑ Tu n’as rien qui puisse m’intéresser, hurlai‑je fou de colère. Tu es
probablement un démon de troisième classe en mission de surfesse mais
je t’annule. Je ne crois qu’en la méchanceté des hommes, tu n’es qu’un
pauvre symbole brandi par les catho et qui peine à traverser le temps.
Adios compañero, je me casse et je te casse !
Il joua sa dernière carte à « Adore‑moi, Le Coq, et chaque jour tu pour‑
ras suivre des culs encore plus sublimes que celui‑là ! »
‑ Ça n’existe pas. Du vent. Avant que je ne te retire de ce récit. Allez
ouste !
Une de mes qualités, si je puis me permettre cette autolaudative paren‑
thèse, réside dans cette hypersensibilité aux thèmes contemporains. Je
n’arrive pas à trouver la mode, le people, les magazines, les vingt heures,
les froufrous et autres théâtres de l’éphémère tout à fait cons. Dommage
pour ma culture classique, cette présence du quotidien m’abalourdit
probablement, il serait si simple de se travestir intello, borné, sectaire
et méprisant. Mais c’est comme ça… Il n’y a pas longtemps mon bien‑
aimé Guillaume Chenevière, qui s’était tapé le Big Bang de bonne grâce
m’en fit la réflexion : « Il y a chez toi une grande sensibilité aux thèmes
actuels, tu es, à ta manière, branché, dans l’air du temps, tu sens les choses
et les recraches sans perdre ta personnalité », m’avait‑il dit en rigolant,
dommage que quelques pétasses mal baisées te barrent la route de nos
media tu ferais un tabac, tu le feras de toute manière (je ne me souviens
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