Orphée 2001 - Margelle

j’accumule. Soit !
‑ Nous te connaissons, dit l’Or roux — et nous n’allons pas te juger
sévèrement. Parce que tu es un charmeur, un candide et que ces deux petits
aspects suffisent pour émouvoir toute femme. Peut‑être pas ces nouvelles
femmes terribles, les furieuses, dont nous allons reparler, mais je dis très
clairement « toute femme ». L’autre raison c’est que nous ne savons rien
de nos fesses, du moins de ce que vous voyez et découvrez sous ce nom !
Nous nous asseyons avec elles, elles nous causent quelques petits soucis
quelquefois en usant plus d’espace que de spasmes. Dans cet entretien
nous nous rendons parfaitement compte qu’il s’agit de nos culs « vus »
par vous autres les hommes et nous n’avons pas plus d’influence sur eux
que sur nos muscles rétiniens, les battements de nos cœurs et le cours de
nos rêves. Notre cul pratique majoritairement la chimie binaire à il ne
devient magique que sous le regard de l’autre, des hommes le plus sou‑
vent. C’est à peu près tout ce que nous pouvons en dire, par contre vous
en avez fait des livres, des légendes et des poèmes et vous nous laissez
perplexes quand il s’agit d’y comprendre quelque chose. Je te suggère
donc de parler librement devant nous, comme avec de bonnes copines, et
que nous mettions nos culs à l’air — si je puis le dire ainsi — ne serait‑ce
que pour comprendre un peu mieux le langage des hommes.
‑ Mesdames, Mesdemoiselles, gentilles et furieuses, humbles ser‑
vantes et grandes prêtresses, emmerdeuses et emmerderesses, passantes
et destins, compagnes et maîtresses, sans oublier bien sûr Mesdames et
Mesdemoiselles les titres oubliés, débutai‑je, vous n’ignorez pas ce qui
vient de m’arriver. Je termine la traversée d’un quartier de Paris, obéissant
à une attraction fatale que j’ai la faiblesse de croire naturelle, bonne et
indispensable, et ce simple parcours m’a fait rencontrer le Diable — ou
celui qui se fait passer pour lui — m’a rendu poète, pèlerin, verbeux,
obscène et pornographe, voyageur, amoureux en quête et comme toujours
déjoueur de complots. Avouez avec moi que c’est beaucoup pour ma truffe
simple et honnête. Qu’importe, je suis prêt, je me soumets à votre juge‑
ment, je vais vous parler des culs. Des vôtres en l’occurrence.
J’ai toujours dit et écrit qu’être femme c’est appartenir à une race
et qu’être homme est une singularité. Que vous êtes plurielles et que
332