Orphée 2001 - Margelle

Ça fait une paie qu’on me dit ça, l’un des derniers en date était Clinton,
quand il était encore à Casablanca, puis le pape, le jour où Saint‑Pierre
s’effondra. Qu’est‑ce qu’ils avaient tous ? Sans cesser de lorgner le
sublime popotin danseur qui s’éloignait je lui posai la question.
‑ Personne n’a pu l’expliquer. À mon avis tu es un connard mais il se
trouve que c’est toi qui écris ces histoires et contre cette évidence nous ne
pouvons rien. Ça aurait pu tomber sur Sollers et la qualité eut été assuré‑
ment meilleure mais… moins tendance à mon avis. Tu sais quoi ? J’ai lu
le Big Bang.
‑ Oh ?
— Et je me suis fait prêter IDM. Trop cher, 160 Fr TTC tu plaisantes !
‑ Ah !
‑ Je connais ton projet Angiospermes, une pièce de théâtre, très fort !
‑ Euh…
‑ Et je veux disposer de tes pouvoirs. Tous tes pouvoirs.
‑ Je n’en dispose d’aucuns.
‑ Dites‑vous ! — Il exhiba des dents de lapin — Que désires‑tu le plus ?
De l’or ? Le pouvoir absolu ? La jeunesse et l’Amour ?
Là, je lui fis mon théâtre.
La jeunesse ? Avait‑il la moindre idée des conflits et des dégâts que
causerait un corps de vingt ans autour d’une âme de 50 ou plus ? Ah le
con ! — Tu as tout faux, lui dis‑je, être le réceptacle d’un savoir c’est aussi
accepter que son corps se modifie. On ne met pas n’importe quel vin dans
n’importe quel flacon !
‑ Je t’offrirai la Sainteté, affirma‑t‑il.
J’éclatai de rire. « Tu parles comme un banquier. Distribuer ce que tu ne
possèdes pas ne coûte rien n’est‑il pas vrai ? »
‑ Écoute, insista‑t‑il, faisant diversion, tout près d’ici je puis t’offrir un
excellent sandwiche au pastrami.
‑ Quelle horrible horreur horrifiante, grognai‑je. J’ai essayé une fois à
Brooklyn et seuls les vrais juifs y résistent et encore.
‑ Je puis faire de toi un sire concis, c’est en mes pouvoirs.
‑ Merci, je n’ai aucune envie de me faire retrousser.
‑ Tu exiges l’extrême. Je te protégerai d’Oriane, c’est ma dernière offre.
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