Orphée 2001 - Margelle

ser guider par une musique très simple qui résumait le monde, les situa‑
tions, les décisions. Nous suivions les chemins de moindre résistance, tu
connais ce thème. Voir l’énergie et agir sur elle, ou avec elle, était le but.
‑ Y avait‑il, l’interrompis‑je, des disciplines annexes ?
‑ Beaucoup ! Pour défaire un corps humain il suffisait de voir s’y écou‑
ler son énergie propre et de la réorienter. C’est ce que j’ai fait une nuit à
Rome et aussi quand nous nous sommes connus à New York. Les assas‑
sins n’ont pas besoin de couteaux ou d’armes à feu. Il suffit de transmettre
une certaine vérité à son adversaire et son châtiment est proportionnel aux
mauvaises énergies qu’il porte accumulées en lui. C’est aussi la raison
pour laquelle nous restons vierges, à moins de rencontrer un homme can‑
dide comme toi. Nous ne pouvons pas nous permettre d’être haineuses ou
simplement nerveuses.
‑ C’est ce qui a perdu Dagmar, remarquai‑je. Au fait, selon toi, qui était
Tsorne ?
‑ Tsorne ? Jamais vu quelqu’un d’aussi vide.
Je n’insistai pas, le cas Tsorne resterait un mystère.
‑ Pour en revenir à la formation des assassins, me donneras‑tu un autre
exemple de ces savoirs ?
‑ Nous avons beaucoup travaillé le mimétisme. Chacune de nous devait
être capable de se fondre dans n’importe quel environnement et pour
n’importe quelle durée. L’un des exercices les plus difficiles était celui du
bureau.
‑ Uh ?
‑ Nous devions entrer dans un bureau et par suggestion et mimétisme
faire en sorte qu’une personne normale entrant après nous ne s’aperçoive
pas de notre présence. Plus exactement ne nous voie pas, ne nous décode
pas. C’était beaucoup plus facile de se dissimuler dans le désert ou dans
la selva. Dans un cadre urbain il n’existe rien de naturel sur quoi nous
pouvons nous appuyer. Il nous demandait d’être surhumaines. Certaines
l’étaient d’autres n’ont pas réussi. J’avais des dons particuliers d’empa‑
thie, j’entrais très facilement dans la tête des autres. Fahwaz aimait cette
qualité et il m’a communiqué peut‑être un peu plus de son savoir.
Oriane m’avait toujours impressionné. « Je me demande » lui dis‑je,
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