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Orphée 2001 - Margelle

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moins probables. Ils se défaisaient sous l’aspect d’un fluide irisé, s’écou‑<br />

lant comme le sang d’une blessure fraîche. Je perçus leur rire éclatant de<br />

gaîté.<br />

‑ Tu es dans l’impermanence, dit Moles, de notre côté on bénéficie de<br />

certains avantages.<br />

‑ Very nice of meeting you, ajouta Scheckley, nos vemos a las Estrellas<br />

de los Tres Picos, verdad ?<br />

Il causait bien l’espagnol, et ç’avait été un type agréable. Je pourrais<br />

toujours relire ça pour aller lui faire un brin de causette.<br />

Quand à Moles, avant son fade out, il me fit un petit sourire‑.<br />

‑‑Tu as fait du bon boulot, Jacques. Je te laisse, sois sûr que nos routes<br />

vont encore se croiser !<br />

J’essayai de freiner sa dissolution pour lui poser ma fameuse question<br />

à Isaac Laquedeem et lui étaient‑ils une seule et même personne, et, dans<br />

l’affirmative, pourquoi avait‑il quitté Montaigne ? Mais il n’y avait plus<br />

personne sur la piste, je parlais dans le vide.<br />

‑ Commandant Le Coq ?<br />

Je me retournai vivement, je connaissais cette claire voix française.<br />

Nom de Dieu ! C’était Salomé, l’éducatrice embarquée d’Air France.<br />

C’était elle qui m’avait fait lâcher les logis de cristal de mes maîtres. La<br />

garce ! Les pires soupçons m’envahirent, je fus incapable d’émettre plus<br />

qu’un toussotis, ridicule pour le brave qui vient de maîtriser l’un des plus<br />

effrayants produits de la technologie militaire aérienne actuelle.<br />

Elle me sourit.<br />

‑ Comment allez‑vous ? Je suis détachée auprès de SEXE (Services<br />

Espagnols Xpérimentaux d’Été) et deux semaines ici, tout particulière‑<br />

ment pour vous. On vous attendait plus tôt !<br />

Ah ! Douce France, si je ne t’avais jamais vue en action, quelle déli‑<br />

France ce serait de tomber dans tes filets ! J’aurais passé avec confiance<br />

ma vie à tes côtés, petite Française typique et rassurante. Ce serait le bon‑<br />

heur (si j’avais un marteau), le modeste sentier des honneurs bourgeois,<br />

un apéro le soir, un peu de jardinage peut‑être le vékinde.<br />

Elle mit fin à mes rêves.<br />

‑ J’ai ordre de vous remettre ceci, Commandant.<br />

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