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Orphée 2001 - Margelle

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mille poèmes, c’est la magie des multiplications de la musique et des mots.<br />

‑ Ah ? fis‑je. Je voyais des petites étoiles tourner autour de ma tête. À<br />

moins que ce ne fussent des canaris.<br />

‑ Quant aux cloches, ajouta‑t‑il, elles semblent dire toujours la même<br />

chose mais ce sont des musiques compressées. Écouter une cloche, c’est<br />

recevoir un message flash. Heureusement, les gens sont sourds, mais tel<br />

n’est pas le cas de la personne qui se tient devant toi. On te parle, Jacques,<br />

utilise ton cœur et ton âme pour répondre. Ne pense pas, c’est inutile. Les<br />

sens de la musique, tu les portes en toi !<br />

‑ Les sens de la musique ?<br />

Ça me rappelait quelque chose… Moles me prit par le bras.<br />

‑ Qu’accomplis‑tu ici ? Une Quête ? D’Elle ? Dans un esprit religieux ?<br />

Mais la religion et la prière, ça n’est pas forcément voué aux obscurités<br />

des églises et des confessionnaux. Ça existe en plein air. Une quête, ça se<br />

tonne, ça se sonnecloche… Te souviens‑tu de cette chanson de Cocciante,<br />

un homme de ce pays…<br />

‑ Pour Elle ?<br />

‑ Pour Elle ! C’est sa plus belle. Celle que tu préfères. Il parvient à<br />

faire passer des sentiments que nous ne pourrions jamais décrire avec des<br />

mots. Et le merveilleux, c’est que tous les hommes peuvent les ressentir !<br />

La cloche d’une église, c’est encore plus puissant. Il te suffit de savoir en<br />

jouer. Utilise sa force, Jacques ! Pleure de joie !<br />

Je fis comme il avait dit.<br />

Non sans encaisser en plein cœur une coupole volante, diaprée, bourrée<br />

de mots inaccessibles et qui s’égailla dans tout mon clocher. Je repris la<br />

corde en main, solidement, et l’accordai à mon souffle. La lourde massue<br />

frappa, communiquant cette vibration provisoire, moi. Très surpris, je vis<br />

s’envoler vers la forme blanche des anges sourieurs et babillards, chacun<br />

tenant une coupe vermeille dans la main. Ils furent aussitôt absorbés par<br />

la présence qui m’entoura d’une triple branlée de métal en fusion. Ah ! Ça<br />

faisait divinement mal, je perdis une couche de peau et quelques voiles<br />

qui obscurcissaient ma vision. Dans un instant, j’allais pouvoir discerner<br />

les traits de celui ou celle qui m’avait interpellé à coups de métal chanteur.<br />

Le duel des campaniles se poursuivit. Dans l’instant je fus accablé d’une<br />

immense fatigue. Je me mis à perdre mon eau, ma sueur, mes larmes et<br />

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