Orphée 2001 - Margelle

n’admettrez jamais la démarche nécessaire. Il faudrait dès maintenant se
désaméricaniser. Ne plus boire Coke et Pepsi, boycotter les films améri‑
cains et ce serait très difficile, rejeter leur mode de vie, Internet, créer nos
propres réseaux, renoncer même à leurs merveilles en informatique et ne
plus fréquenter une seule compagnie aérienne américaine, ce qui à moi
ne poserait aucun problème tant leur service est à chier ! J’admets que
mes chers Macintoshes me manqueraient ainsi que tous les programmes
très créatifs qui ont été écrits pour eux. Mais si c’est le prix à payer et si
le mouvement se crée je le suivrai. Vous êtes, nous sommes contaminés
depuis bien plus longtemps que nous ne le pensons. Les Aliens viennent
des U.S.A. et ce n’est certainement pas par hasard que l’envahisseur est,
dans leurs films, un thème si récurrent. Ils ne peuvent s’empêcher de pen‑
ser que quelqu’un — venu d’ailleurs car sur ce monde ils sont ce qu’il y
a de mieux — leur fera à eux ce qu’ils nous font impunément. Bref, nous
avons un problème de taille et je ne vois aucune solution à l’horizon. Ce
qui m’amène à revenir sur l’unique résultat important de mon enquête à
une seule équipe, peu nombreuse, dirige toute l’affaire. Trois fonction‑
naires mal payés. Dirigés par une « Graue Eminenz ». un banquier très
discret. (je sentis à distance le pied de Schnoekeli bouger de manière
incontrôlable). Oui Messieurs, je connais leur adresse et même le numéro
de leur ligne rouge. Oui, Messieurs, je vais la révéler, mais à vous seul
Monsieur le Président.
La Bouche d’Ombre savait réagir vite. On fila à Berne, un hélicoptère
noir et silencieux venait de se poser sur Barfüsser Platz. Personne n’y
prêta attention, Bâle, avec Rio, est la patrie du Carnaval. Le trajet fut mon
automne, comme aurait dit Sacha. La Suisse quand elle n’est pas monta‑
gneuse et enneigée est plate et verte. Je vis des vaches, elles me rendirent
mon coup d’œil indifférent. Arrivé au cœur de la capitale je contemplai ce
fameux Palais Fédéral. Ça me rappelait quelque chose… Par pure précau‑
tion j’avais exigé qu’Oriane soit présente et, à ma grande surprise cela ne
souleva aucune objection de la part des Suisses.
Nous la trouvâmes aux marches du palais, s’amusant à faire monter légè‑
rement les colonnes spermatiques des gestapistes qui gardaient les abords
de ce lieu de pouvoir. Elle adressa un sourire timide à notre amphitryon
qui nous prit tous deux familièrement par le bras.
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