Orphée 2001 - Margelle

Comme Guiseppe il verdit, soudainement associé à la vieille couleur de
ces boules carrées qui confèrent sa respectabilité au Palais Fédéral.
Et se retira.
‑ Jamais vu quelqu’un d’aussi sec, dit Oriane.
Venant d’elle c’était un brevet.
‑ Mes chers concitoyens, mes chers collègues dit le Président de la
Confédération Helvète, j’ai une bonne et une mauvaise nouvelle à vous
apporter. Comme d’habitude je commencerai par la bonne. Il se gratta dis‑
crètement une couille et sentit quelque chose. Au moins le monde n’allait
pas cesser de tourner.
‑ La bonne c’est qu’on a démantelé un réseau d’espionnage qui manipu‑
lait des quantités incroyables d’informations et d’argent.
Il hésita.
Mais la grande Coupole restait neutre. (Ce qui est bon signe en Suisse.)
Il prit son élan.
‑ La mauvaise c’est que c’était le nôtre…
Une houle de surprise passa dans les travées. Quelques parlementaires
se réveillèrent en sursaut. Mais l’affaire était déjà étouffée.
‑ Ne vous inquiétez pas, dit la Bouche d’Ombre, le gouvernement à pris
les mesures nécessaires.
Il marqua une pause, la tension grimpa dans l’hémicycle.
‑ Nous avons nommé une commission d’étude, lâcha‑t‑il.
Chacun se sentit soulagé. Les députés connaissaient le rythme des com‑
missions fédérales. Ce serait… confortable. Pour tout le monde.
Il asséna le coup de grâce à « D’autre part nous venons de mettre de
l’ordre dans une situation très fâcheuse pour le pays. Nous avons déclaré
la guerre aux femmes de ménage. »
Un vent frais et démocratique passa sur l’Assemblée. En France on
juge les politiciens sur leurs promesses, en Suisse sur leurs actes mineurs.
L’affaire des fonds détournés par Eltsine et l’argent des cartels de la dro‑
gue, on verrait plus tard. Mais les femmes de ménage au noir, ça, c’était
du solide. Les autorités genevoises l’avaient compris avant elles, quand
elles avaient déclaré la guerre aux merdes de chien. En Suisse on juge les
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