Orphée 2001 - Margelle

Gouvernement aurait pu me dérouler le tapis rouge, je supposai qu’ils ne
voulaient pas attirer l’attention ou que les budgets de la SSS étaient épui‑
sés. Il avait peu changé mais la vaste bonne humeur qui l’avait envahi une
minute avant l’Apocaline s’était totalement dissipée. Il avait l’air tendu et
me fit, dans la voiture qui nous emmenait à Poughkeepsie, un bref topo.
‑ Clinton et Barbara ont acquis, me confia‑t‑il, un pouvoir phénoménal.
En comparaison Casablanca n’est que de la rigolade. Mais Clinton baisse,
il devient falot et Barbara prend de l’importance. Malheureusement elle
déraille. Nous savons qu’elle a de nouveaux associés venus d’Italie, des
gens inquiétants si mes renseignements sont exacts. En peu de temps ils
ont mis la main sur une douzaine de réseaux de télévision privée et leur
influence s’étendra rapidement à l’ensemble du pays. Bien entendu le
background de Bill à facilité les choses. Ce qu’on ne sait pas encore avec
exactitude c’est le nombre de porteurs de systèmes Vatican V ou VI dans
le pays, sans compter quelques sectes affiliées en Europe et en Amérique
du Sud.
Merde ! Il suffisait que je m’absente un instant pour que le monde se
remette à déconner joyeusement. De plus un Vatican V ou VI devait être
quelque chose de réellement dangereux.
‑ Quel est le risque réel ? m’enquis‑je.
‑ Pas grand‑chose, dit‑il assez sombre, le pays va seulement changer de
chaos.
Je me fis — in petto — la réflexion que ça pourrait simplifier mon
enquête. Celle des Suisses pour le moins car si l’Amérique sombrait dans
la folie d’une nouvelle secte majoritaire, les comploteurs (éventuels)
d’Hollywood et consorts passeraient au second plan. Mais ça ne tenait pas
la route. Car si l’Église de la Révélation (s) P prenait le contrôle du pays la
pression qu’elle exercerait sur le reste du monde serait sans comparaison
avec celle que nous subissions déjà.
Je fis part de ces idées à Andrew, entretemps nous étions arrivés à
Poughkeepsie et Oriane avait filé tailler une bavette avec ses apprenties
consœurs. Andrew en profita pour me dresser un tableau complet de la
situation.
‑ À Casablanca, après le départ de Bill, c’est le merdier.
‑ Les gens ont vu la différence ? demandai‑je sarcastiquement.