Orphée 2001 - Margelle

Danse révolutionnaire d’une paire de fesses
de la rue Bonaparte à la rue Danton
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Paris, VI e
De retour Avenue Montaigne, j’eus envie, je ne sais pourquoi, d’aller
faire un tour dans le quartier latin. Souvenirs du bon vieux temps, de la
théologie et de la systémique, qui sait ? C’est là que, sans avertissement
préalable, sans signes avant‑coureurs (la foudre n’a pas frappé le sol à mes
pieds, le ciel ne s’est pas déversé sur ma tête, je n’ai lu aucun message en
lettres de feu sur les murs des immeubles), je tombai sur le plus fatal des
objets, qui allait me confronter aux nouveaux dangers prêts à fondre sur
le monde des cortiqués, m’arracher un livre de plus et surtout me mettre
au bord de l’extase.
En vérité, je vous le dis, il y a des jours où il est plus sage de rester chez
soi avec un bon bouquin.
Je flânais rue Bonaparte, une rue charmante pleine de souvenirs. Henri
Miller l’aimait particulièrement, et c’est là aussi qu’étudiant sans le sou
j’ai goûté à l’essence de la France, une essence qui s’appelait Marie‑
France (mais elle changea de nom au fil des saisons de l’amour). Bref,
je musardais quand je tombai sur « la chose ». Qui exerça une forte et
dominante traction sur mes muscles oculaires. Mon regard fut scellé sur
elle de manière impérative, apposé, cadenassé, définitivement, sans aucun
espoir d’évasion.
L’entité, l’Andante, les pommes, l’é‑mouvance d’espace, le balance‑
ment mystique était, je ne sais comment le nommer, ce quelque chose
d’indicible dont on s’était beaucoup moqué, que l’on avait beaucoup
convoité, que l’on avait léché et encensé, cravaché et dénudé, ce quelque
chose qui avait servi d’insulte et d’honneur suprême, sur quoi reposait une