Orphée 2001 - Margelle

Les îles ne sont à personne
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devenir la Quête
J’ai rêvé, l’autre soir, d’îles plus vertes que le
songe… Et les navigateurs descendent au rivage
en quête d’une eau bleue‑ ; ils voient — c’est le
reflux — le lit refait des sables ruisselants‑ ; la
mer arborescente y laisse, s’enlisant, ces pures
empreintes capillaires, comme de grandes palmes
suppliciées, de grandes filles extasiées qu’elle
couche en larmes dans leurs pagnes et dans leurs
tresses dénouées.
(Saint‑John Perse, Amers)
À peine les réacteurs du monstre gris se furent‑ils tus qu’une douzaine
d’Espingouins se ruèrent sur l’appareil et l’entourèrent de panneaux
intitulés « maintenance ». Les estivants pourraient nous chercher. À
peine étions‑nous sortis de la carlingue que le FA‑22 avait déjà été méta‑
morphosé en un amas de chiffons et tôles sans intérêt, sécurité oblige.
Haussant les épaules, je me frayai un passage dans cette meute de ram‑
pants et m’approchai de l’entrée des services douaniers, sans trop savoir
quelle version de ce vol du Raptor j’allais leur servir. Une version à la
Moussorgski ? Quelqu’un, pour d’obscurs motifs, avait dû faire le travail,
car l’on m’ignora délibérément. Avais‑je des dollars ? Non. J’étais donc
inintéressant. Ça me posait à moi un problème à court terme.
Passé les contrôles, j’attrapai machinalement les deux fioles dans ma
poche pour les ouvrir et retrouver mes compagnons quand une petite main
se posa sur mon épaule. Je sursautai si violemment que je les lâchai et
qu’elles se brisèrent sur le dallage. Merde !
Je vis avec horreur mes chers compagnons en sortir, devenir de moins en