Orphée 2001 - Margelle

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Seconde partie
Nous avions pris nos quartiers à Georgetown, dans un motel, pas loin
des pistes annexées par la nouvelle Église. Je prenais mon petit‑déjeuner,
seul, quand on frappa à ma porte. « K’min », fis‑je la bouche pleine de
saucisses grasses, d’œuf brouillés et de toast beurrés, si vous voulez mai‑
grir n’allez pas aux States. Une grande silhouette se découpa sur le matin
texan, je fus surpris, c’était Clinton.
‑ Hi Jack ! fit‑il, sans déclencher aucun DEFCON, j’ai pensé que nous
pourrions bavarder entre hommes.
Je l’assurai que rien ne me ferait plus plaisir, s’il voulait bien excuser ma
tenue sommaire. Il balaya ces salamalecs d’un geste bref et me demanda
la raison de ma présence. Moi, c’était surtout celles de la sienne qui m’in‑
téressaient mais je n’en laissai rien voir. Je lui expliquai qu’Oriane avait
accepté de participer au mystérieux défilé que l’ERSP préparait ici et que
j’avais été intrigué par ce fameux spot « Crucifixion en rose », un message
qui pilonnait littéralement les États‑Unis.
Il m’observa pensivement, il cherchait à évaluer mon degré de sincérité.
Puis il se décida.
‑ Jack, c’est super, ça marche du feu de Dieu. Jamais je n’aurais pu dis‑
poser d’un tel pouvoir à Casablanca. J’ai quitté le pouvoir temporel parce
que je pensais sincèrement être plus utile aux Américains en fondant cette
Église. Tu sais, quand nous étions tous réunis dans le nukeproof room de
Casablanca, en attente de la fin du monde, j’ai eu une révélation. J’ai cru
que je pourrais faire le bien. Mais… — il regarda autour de nous avec
crainte — entre nous, je commence à avoir les chocottes. Je me demande
même si je ne me suis pas associé avec le diable. Nous disposons de trop
d’argent, j’avais plus de peine à en trouver pour ma réélection, celui‑là, je
ne sais pas d’où il vient.
Je voyais très bien où ce grand type voulait en venir. Je l’avais pris en
affection, malgré sa fonction. Il dégageait quelque chose de différent des
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