Orphée 2001 - Margelle

On ne vit qu’une fois, vous êtes bien de cet avis ?
Je fis glisser le curseur sur « Manual » et pressai la touche « Enter ». La
fête commença.
Le niveau 100 n’est pas digne d’un Raptor. Avec cette bête, on vole au
ras des pâquerettes ou au 600. J’enclenchai l’afterburn, reçus une violente
tape dans le dos, m’identifiai à son tonnerre assourdi et tirai sur le manche,
mettant l’appareil quasiment à la verticale. Il monta comme une fusée, les
displays avaient de la peine à afficher une altitude qui changeait à chaque
fraction de seconde. Je m’amusai à tester sa mania, un régal. Enchaîner
tonneaux, chandelles, loopings, himmelmans, inversés, décrochés dyna‑
miques et toute la gamme était un jeu d’enfant. Cet avion était tellement
bourré d’intelligence électronique qu’il paraissait détecter et corriger
toutes les intentions du pilote. Je me calmai après quelques minutes, mon
cœur et mon esprit restèrent en effervescence. Mais un souvenir me revint,
celui de ma mission. Je m’étais laissé aller à jouer comme un gamin et
j’avais oublié Oriane. Oriane, ma quête.
J’eus de la peine à extirper le théoscope de la combinaison anti‑g qui
s’était refermée sur moi immédiatement après ma non‑électrocution. Je
l’activai, mais son écran bleuâtre palpita sans signaler de destination par‑
ticulière. Il fallait sans doute que je le laisse acquérir les ondes divines
éventuelles qui pouvaient traîner dans le coin. Le constructeur avait sot‑
tement baptisé ce détecteur du nom de « DIOS » (Divine Interferences
Operating System). Je décidai de voler économiquement, près de la côte,
Oriane devait être en Italie, quelque chose me le disait. Je ne me trompais
que de peu.
Juste une largeur de Méditerranée.
122