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Orphée 2001 - Margelle

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de Formentera dont je distinguai le petit phare, je virai sur la droite vers<br />

l’est, exécutai un 180 qui me fit perdre de la vitesse et passai en approche<br />

finale sur la ville, puis au‑dessus d’une plage de bronzés, si bas que je<br />

pus distinguer l’ahurissement total des baigneurs devant cette chose noire<br />

et volante, presque silencieuse. Mes réacteurs étaient en effet quasiment<br />

éteints. J’avais devant moi environ trois kilomètres d’une bonne piste.<br />

J’arrivai ultracourt et laissai la vitesse se dissiper. Les systèmes se réacti‑<br />

vèrent à 50 pieds et firent le reste, ce fut un kiss, ce qui n’est pas courant<br />

pour un avion de ce type.<br />

D’une manière générale je n’aime pas les Ricains et leurs machines de<br />

guerre. Mais là, Messieurs, chapeau quand même ! Votre engin de mort est<br />

planant. Puisse‑t‑on ne s’en servir que poétiquement.<br />

Comme je viens de le faire.<br />

Christian Bobin, Éloge du rien, Fata Morgana 1990<br />

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